Manifestation de « gilets jaunes », mercredi 1er mai 2019, au départ de Montparnasse en direction de la place d'Italie. Les manifestants sont nassés boulevard de l'Hôpital et les forces de l'ordre procèdent à des interpellations. / Benjamin Girette pour le Monde / Benjamin Girette pour le Monde

Pour la première fois, les principaux syndicats des trois corps de la police nationale, gardiens de la paix, officiers et commissaires se réunissent dans un appel commun aux pouvoirs publics pour exiger d’être « écoutés » et recevoir un « signal fort », après plusieurs mois de crise des « gilets jaunes ».

Cet appel inédit, publié dimanche 16 juin dans Le JDD, est dicté par des « circonstances exceptionnelles », estiment les signataires : du « terrorisme aveugle ayant fauché des centaines de concitoyens » aux « actions violentes des derniers mois à l’occasion du mouvement des “gilets jaunes” », où des « efforts immenses » ont été « consentis chaque samedi » par les forces de l’ordre, est-il souligné.

« Police citoyenne »

Disette budgétaire, normes « inadaptées », injonctions « souvent paradoxales du politique et de la société civile », multiplication des missions, commissariats dépassés par les flux de plaintes, équipes débordées… Cet appel est d’abord un cri d’alarme, six mois après la fronde des gardiens de la paix en décembre 2018 pour dénoncer leurs conditions de travail et de rémunération.

Les policiers veulent désormais « prendre la parole », écrivent les quatre syndicalistes David Le Bars (syndicat des commissaires de la police nationale), Jean-Marc Bailleul (syndicat des cadres de la sécurité intérieure), Yves Lefebvre (Unité SGP Police-FO) et Philippe Capon (UNSA Police). Ils veulent être « écoutés dans une grande concertation républicaine avec les autorités publiques » :

« Nous souhaitons instamment qu’un débat ait lieu au sein de la police nationale avec les personnels qui la servent, l’animent, la respectent et lui consacrent leurs vies, pour penser la police de demain. »

Alors que les manifestations des « gilets jaunes » ont soulevé la question des violences policières et d’un usage accru de la violence par les forces de l’ordre, les signataires insistent sur la « nécessité de renforcer le lien entre la population et sa police ». La « police de demain » serait, pour eux, une « police citoyenne », « plus tournée vers les usagers et les victimes, plus efficace contre les délinquants », qui « redonne du sens » à leur action.