C’est un triple attentat-suicide qui a endeuillé, dimanche 16 juin, la ville de Kondugo, dans le nord-est du Nigeria. Plus de trente personnes ont été tuées dans cette attaque, attribuée à Boko Haram, et qui visait des supporteurs de foot.

A 21 heures, trois kamikazes ont fait exploser leurs charges à proximité d’un local où s’étaient massés des supporteurs de football, dans cette ville située à une quarantaine de kilomètres de Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno. L’attaque a également fait « plus de 40 blessés », a annoncé à l’Agence France-Presse Usman Kachalla, le chef des services de secours d’urgence du Borno. Le nombre de victimes aurait pu être moindre si les secours avaient eu un accès plus rapide à Konduga, selon le médecin :

« Le manque d’infrastructures médicales appropriées pour gérer ce genre d’urgence et le temps passé à obtenir l’autorisation [de l’armée] de se rendre [sur les lieux] depuis Maiduguri a contribué à ce lourd bilan. »

« Les gens meurent à cause du manque d’hôpital », a abondé Garba Abdullahi, un témoin. « Certains ont passé la nuit à saigner, même les médecins se plaignent qu’il n’y a pas de médicaments », a-t-il ajouté.

Boko Haram fortement soupçonné

Selon Ali Hassan, un chef de milice de la ville, le propriétaire du centre, où étaient massés des fans de football, et l’un des trois kamikazes « se sont violemment disputés », puis « le kamikaze s’est fait exploser ». Les deux autres ont alors eux aussi déclenché leurs charges en dehors du centre, près d’une échoppe de thé. « Neuf personnes sont mortes sur le coup », a précisé le milicien.

Si le triple attentat n’a, pour l’heure, fait l’objet d’aucune revendication, il porte la marque des djihadistes de Boko Haram restés fidèles au chef historique du groupe, Abubakar Shekau. Il s’agirait dès lors de l’une des attaques les plus meurtrières de Boko Haram depuis des mois dans cette région.

En une dizaine d’années, l’insurrection lancée par cette organisation dans le nord-est du Nigeria et sa répression par l’armée ont fait plus de 27 000 morts. Quelque 1,8 million de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer du fait de cette guerre. Les violences ont également gagné le Niger, le Tchad et le Cameroun voisins, où une attaque dimanche dernier a fait plus de 30 morts.

Comprendre la menace de Boko Haram en 5 minutes
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