Viviane Asseyi, qui fête ici sur le dos d’Elise Bussaglia la victoire des Bleues face à la Corée du Sud, pourrait être l’une des nouvelles joueuses à obtenir du temps de jeu lundi contre le Nigeria. / CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS

Selon le bon sens populaire, une Coupe du monde se gagne à vingt-trois joueuses. Dans les faits, c’est souvent l’équipe type, soit les onze titulaires, agrémentée de quelques remplaçantes, qui fait la différence.

Lors des deux premiers matchs, la sélectionneuse Corinne Diacre n’a d’ailleurs effectué qu’un seul changement entre ses deux premières compositions alignées face à la Corée du Sud et face à la Norvège : Valérie Gauvin à la place de Delphine Cascarino. Au total, ce sont pour le moment quinze tricolores qui ont participé aux deux victoires des Bleues (4-0 et 2-1). Un nombre qui devrait pourtant augmenter avec le troisième match de l’équipe de France, prévu à Rennes, lundi 17 juin contre le Nigeria.

En effet, forte de 6 points en tête de la poule A, la France est dans une situation plus que confortable : la qualification pour les 8es de finale en poche, un match nul suffit pour assurer la première place. Mais la question de la gestion de groupe est toujours primordiale lors du troisième match d’un grand tournoi, celui où l’on peut – lorsque tout s’est bien passé – concerner le maximum de joueuses, le fameux match « des coiffeurs ».

« Un, deux, trois (…) Je ne vous le dirai pas »

En conférence de presse, maniant le sarcasme et désireuse de cacher son jeu, Corinne Diacre est restée secrète sur le nombre de changements qu’elle allait effectuer ce soir. « Oui, il y aura quelques changements. Maintenant, on ne va pas changer toute l’équipe non plus. Comme l’objectif est d’aller chercher une troisième victoire, il faut qu’on reste sur la logique qui est la nôtre. Un, deux, trois, je ne sais pas, cinq, six, onze… Je ne vous le dirai pas. L’idée, c’est de rester compétitif », a-t-elle lâché dans un sourire.

Au rayon des Bleues qui pourraient cette fois débuter, on pense au choix à la latérale droite Eve Perisset, entrée en jeu en ouverture, à la milieu de terrain Charlotte Bilbault, entrée en jeu face aux Norvégiennes, mais aussi à la défenseuse centrale Aïssatou Tounkara, à la latérale gauche Sakina Karchaoui ou à l’attaquante Viviane Asseyi, qui n’ont, elles, pas encore quitté le banc des remplaçantes.

Valérie Gauvin et Delphine Cascarino ont chacune débuté un match depuis le début de la Coupe du monde. / CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS

Buteuse des Girondines de Bordeaux, 4es de Division 1 cette saison, boute-en-train de l’équipe, Viviane Asseyi, 25 ans, incarne typiquement le genre de joueuses importantes dans la bonne marche d’un collectif. A deux semaines du début de la compétition, elle était parfaitement consciente de son rôle à venir. « Je me dis que peu importe le nombre de minutes que je vais jouer, il faut toujours donner le maximum et être prête, confiait au Monde cette joueuse au style spectaculaire, dont le retourné est le geste de prédilection. Nous formons une équipe, peu importe qui est titulaire ou non, nous sommes prêtes à nous entraider. On compte les unes sur les autres. »

Plus de 10 millions de téléspectateurs pour les Bleues

Pour son deuxième match de la Coupe du monde de football, face à la Norvège mercredi 12 juin, l’équipe de France féminine a confirmé sa cote auprès des téléspectateurs avec 9,4 millions de personnes sur TF1 et 892 000 sur Canal+, selon des données de Médiamétrie communiquées jeudi.

« Après le record historique du match d’ouverture, ce match est un nouveau carton d’audience », s’est félicité TF1, qui avait attiré en moyenne 9,8 millions de téléspectateurs, soit 44,3 % de l’audience avec le premier match.

Mercredi, TF1 a enregistré un pic d’audience à 11 millions de téléspectateurs durant la rencontre. Le match a particulièrement bien marché auprès des hommes de moins de 50 ans (54 % de part d’audience) et des moins de 14 ans (59 % de part d’audience). Sur Canal+, un pic de plus d’un million de personnes a été enregistré en fin de match.

A l’image de la campagne victorieuse de leurs homologues masculins l’an passé en Russie, où l’ambiance était saine et où les joueurs, qui n’ont peu ou pas joué, ont gardé leurs états d’âme pour eux, l’atmosphère semble également propice à la cohésion d’équipe chez les Bleues. Maéva Clemaron, qui sera certainement l’une de celles qui aura le moins de temps de jeu durant ce mois de compétition, voire pas du tout, racontait simplement deux jours avant la rencontre l’enthousiasme qui habite les remplaçantes : « Franchement, je n’avais jamais vécu ces émotions-là jusqu’à aujourd’hui. Sur chaque action, nous sur le banc, on est à deux cents pour cent. En plus avec l’engouement, le public, le son… Tout résonne dans le stade. On le vit au moins autant que les collègues sur le terrain. »

Gestion de l’état de forme

En dehors de la nécessité d’impliquer toutes ses protégées, la sélectionneuse doit également gérer leur fatigue et leur condition physique. Cela concerne surtout les sept Lyonnaises qui ont rejoint le stage de préparation après les autres, à cause de leur victoire en Ligue des champions. Certaines, comme Amandine Henry, Griedge Mbock et Eugénie Le Sommer, ont même subi depuis quelques légères blessures ou inquiétudes quant à diverses douleurs. « On prend en compte l’état de forme des joueuses. Surtout, on pense malgré tout un petit peu à la suite de la compétition, pas très loin, mais tout simplement aux 8es de finale puisqu’on est qualifiées », a confirmé Diacre.

Enfin d’autres, les plus âgées, ont peut-être besoin de ménager leur monture même si une footballeuse veut en général jouer tous les matchs. « Ce n’est pas moi qui vais choisir, c’est la coach. C’est bien de pouvoir garder le rythme et rester en jambes. Mais c’est bien aussi que d’autres filles prennent le relais, a analysé Elise Bussaglia, la milieu de terrain de 33 ans. Si on veut aller au bout de la compétition, il faut compter sur les 23. Personnellement, je sais que si je ne démarre pas ou si je ne joue pas du tout, je travaillerais à l’entraînement pour garder le rythme. »

Logiquement supérieures à la 38e nation au classement FIFA, qui n’a franchi qu’une fois la phase de groupes d’une Coupe du monde en sept participations (en 1999), quels que soient les choix de Corinne Diacre, les Bleues devraient confirmer leurs bons débuts sans trop de difficulté, ni de suspense. En avril 2018, même si les conditions n’étaient pas optimales pour les Nigérianes, la dernière rencontre entre les deux équipes s’était soldée par un sévère 8 à 0 en faveur des coéquipières de la capitaine Amandine Henry. Lundi soir, les spectateurs du Roazhon Park se satisferaient amplement d’une victoire plus modeste.