En souscrivant à un fonds de partage, l’épargnant reverse, sous forme de don, une partie des gains de son placement, à un ou plusieurs organismes bénéficiaires. / Reinhard Wendlinger/Westend61 / GraphicObsession

Même si les fonds de partage sont peu connus des épargnants, leur existence ne date pas d’hier. En effet, c’est en 1983 que le groupe Crédit coopératif, par l’intermédiaire de sa société de gestion Ecofi Investissements, a lancé le fonds commun de placement (FCP) Faim et Développement, le premier produit de ce type dans l’Hexagone. Depuis plus de trente-cinq ans maintenant, ce fonds a ainsi permis de collecter près de vingt-cinq millions d’euros de dons, au bénéfice notamment de l’association Solidarité internationale pour le développement et l’investissement (SIDI), filiale du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre Solidaire), qui vient en aide aux populations exclues des circuits financiers et bancaires traditionnels.

En souscrivant à un tel véhicule financier, l’épargnant reverse, sous forme de don, une partie des gains de son placement, à un ou plusieurs organismes bénéficiaires, préalablement définis par la société de gestion. Par exemple, en investissant dans le FCP Faim et Développement, il lui est possible d’aider l’une des huit associations sélectionnées par Ecofi Investissements. Parmi elles, on compte l’association Terre des hommes, le Comité français pour la solidarité internationale (CFSI) ou encore CCFD-Terre solidaire. Ainsi, « investir sur les marchés boursiers devient œuvre utile », comme le rappelle Maxime Vermesse, directeur de la gestion privée chez Meeschaert.

En effet, au-delà de la seule performance financière, le porteur de parts d’un fonds de partage « sélectionne le produit adapté à ses projets et à sa situation patrimoniale, tout en donnant un sens à ses placements », ajoute-t-il. Cerise sur le gâteau, ce type de fonds permet aux particuliers de bénéficier d’une réduction d’impôt égale à 66 % du montant du don versé dans la limite de 20 % de leur revenu imposable, à condition que ce montant soit versé à des organismes d’intérêt général ou reconnus d’utilité publique.

Soutenir une cause solidaire

Malgré cet avantage fiscal, ce type d’épargne solidaire représente une très faible part des placements financiers des Français, à en croire le rapport publié le 19 avril par l’association Finansol. Pourtant, même si les en-cours sous gestion des fonds de partage restent encore confidentiels dans l’Hexagone, il n’en reste pas moins que l’offre tend actuellement à se développer, compte tenu notamment de l’intérêt croissant porté par certains clients privés pour la philanthropie.

D’après les spécialistes, ces derniers se montrent en effet de plus en plus soucieux de soutenir des causes qui leur sont chères, allant de la solidarité à l’environnement, en passant par l’éducation ou encore la recherche médicale. D’ailleurs, quelques sociétés de gestion, à l’image de Meeschaert Asset Management ou Ecofi Investissements, se sont spécialisées sur ce créneau, en proposant dans leur gamme un ou plusieurs fonds de partage, qu’il s’agisse de produits diversifiés ou bien investis uniquement en actions ou en obligations.

Bien évidemment, quelle que soit la classe d’actifs considérée, la composition de leur portefeuille se veut en cohérence avec la cause soutenue. Ainsi, si l’organisme bénéficiaire d’un fonds de partage a pour objectif de protéger l’environnement, il va sans dire que l’équipe de gestion se doit d’exclure de son portefeuille les secteurs d’activité très polluants, tout en favorisant dans le même temps des sociétés recherchant des solutions réduisant leur bilan carbone.

Toutefois, avant d’investir son argent dans un fonds de partage, il convient également de s’assurer que la société de gestion dispose d’un back-office expérimenté qui maîtrise l’ensemble de la chaîne du don. Et ce, depuis la souscription de l’investisseur jusqu’au partage de ses revenus ou de sa performance avec l’organisme bénéficiaire final. Cette précaution permet ainsi de s’assurer qu’avec un fonds de partage il est véritablement possible « de donner du sens à son placement en aidant au financement d’entreprises solidaires qui agissent au quotidien », comme le précise Miguel Rodrigues, gérant éthique et solidaire chez Ecofi Investissements.

INFOGRAPHIE « LE MONDE »

Romain Thomas