En octobre 2018, l’image de l’Arabie saoudite avait été profondément ternie par l’assassinat par un commando venu de Riyad du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. / OZAN KOSE / AFP

C’est une petite victoire pour les associations de défense des droits de l’homme en Arabie saoudite. Murtaja Qureiris, un jeune Saoudien de 18 ans arrêté alors qu’il avait 13 ans et condamné à mort en août, ne sera finalement pas exécuté, ont annoncé, lundi 17 juin, des proches du jeune homme.

Les procureurs saoudiens avaient requis la peine de mort contre le jeune homme, issu de la minorité musulmane chiite, pour une série de griefs dont la participation à une manifestation antigouvernementale, selon des ONG. Certains des faits reprochés remontaient aux 10 ans de Murtaja Qureiris.

« Un énorme soulagement »

Le jeune Saoudien pourrait être libéré d’ici 2022, a précisé l’Organisation européenne saoudienne des droits humains, qui suit son dossier depuis des années. Selon la chaîne CNN, qui cite une source proche du dossier, le jeune homme a été condamné à douze ans de prison dont quatre avec sursis. En comptant le temps passé en détention provisoire dans l’attente de son procès, il lui reste donc théoriquement trois ans à passer en prison.

« La nouvelle (…) est un énorme soulagement pour lui et pour sa famille, mais c’est absolument scandaleux de voir que les autorités saoudiennes cherchaient à condamner à la peine capitale une personne arrêtée à l’âge de 13 ans », a déclaré Lynn Maalouf, directrice de recherche sur le Moyen-Orient à Amnesty International. « La peine de mort contre des personnes de moins de 18 ans au moment des faits est une violation éhontée du droit international », a-t-elle ajouté.

La semaine dernière, l’Autriche avait annoncé vouloir fermer un centre interreligieux controversé financé par l’Arabie saoudite et établi en 2012 à Vienne, jugeant sa présence incompatible avec les violations répétées des droits humains par Ryad. Un député avait notamment évoqué le cas de Murtaja Qureiris.

A la fin de l’année 2018, l’image du royaume avait déjà été profondément ternie par l’assassinat par un commando venu de Riyad du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en octobre dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul.

En avril, 37 personnes, dont 33 chiites, ont été exécutées pour « terrorisme », soit l’une des plus importantes exécutions de masse de personnes issues de cette minorité de l’histoire du royaume, selon des experts. La communauté chiite représente, selon des estimations, entre 10 et 15 % des 32 millions de Saoudiens, mais le pouvoir, dirigé par une dynastie sunnite, n’a publié aucune statistique officielle.

L’Arabie saoudite est régulièrement critiquée pour être l’un des pays qui exécutent le plus de condamnés au monde (le troisième après la Chine, qui ne publie pas de statistiques, et l’Iran, selon Amnesty). Des experts dénoncent régulièrement le manque d’équité dans les procès en Arabie saoudite, qui suit une version rigoriste de l’islam.