Réputé pour son opacité, le secteur minier est aussi devenu, au fil des années, un secteur interdit aux journalistes et à l’investigation, dans lequel la répression envers les médias est la plus violente. Associé au réseau de journalisme d’investigation Forbidden Stories, créé en 2017 pour poursuivre le travail de reporteurs menacés, emprisonnés ou assassinés, Le Monde et vingt-neuf autres medias, dont The Guardian au Royaume-Uni, Expresso au Portugal et Süddeutsche Zeitung en Allemagne, publieront, à compter du mardi 18 juin, la série « Green Blood » (« sang vert »), consacrée aux scandales environnementaux dans les mines.

« Green Blood » est le fruit d’une enquête collective sur les pratiques de trois compagnies minières opérant dans trois pays et continents différents : en Tanzanie, au Guatemala et en Inde. Pendant huit mois, quarante journalistes de quinze pays ont poursuivi ensemble le travail des journalistes locaux, menacés, poursuivis en justice ou tués pour avoir couvert l’impact de ces mines sur la santé et l’environnement ainsi que leurs politiques d’expansion brutales. Ils ont travaillé main dans la main avec ces reporteurs.

Grâce à un travail de terrain et à l’exploitation de multiples données en source ouverte, « Green Blood » permet de braquer les projecteurs sur l’un des secteurs les plus secrets et les moins régulés de l’économie, tout en rendant publics les actes de censure et les menaces frappant les journalistes. Aujourd’hui, dans de nombreux pays du monde, des reporteurs risquent leur emploi ou leur vie parce qu’ils enquêtent sur des questions environnementales.

Depuis 2009, au moins treize journalistes ont été tués pour ces raisons, selon le Comité pour la protection des journalistes, sis à New York. Seize autres morts suspectes font l’objet d’enquêtes de cette association internationale, qui recense les abus contre la presse et travaille pour la protection de la liberté de la presse.