Igor Roudnikov, lundi 17 juin, au tribunal de Saint-Pétersbourg en Russie. / OLGA MALTSEVA / AFP

Un tribunal russe a libéré, lundi 17 juin, le rédacteur en chef du journal Novyé Koliossa, connu pour avoir publié plusieurs enquêtes révélant des faits de corruption des élites locales. L’homme, arrêté en novembre 2017, était accusé d’extorsion de fonds dans une affaire dénoncée comme politiquement motivée par ses soutiens.

Igor Roudnikov, fondateur et rédacteur en chef de ce journal basé à Kaliningrad, était accusé d’avoir tenté d’extorquer un pot-de-vin à un haut responsable des forces de l’ordre locales. Le parquet avait requis dix ans de prison à l’encontre de M. Roudnikov, 53 ans. Mais un tribunal de Saint-Pétersbourg a décidé d’abandonner les accusations d’extorsion de fonds et de condamner le journaliste à 550 heures de travaux d’intérêt général pour « abus de pouvoir ». Le journaliste « a été libéré dans la salle d’audience », a fait savoir le tribunal dans un communiqué.

« Représailles politiquement motivées »

« Je pensais que la justice triompherait dans deux ou six ans, mais je n’ai pas imaginé que cela puisse se produire aujourd’hui », s’est réjoui M. Roudnikov. Les soutiens du journaliste n’avaient eu de cesse de dénoncer une affaire montée de toutes pièces. L’organisation Reporters sans frontières (RSF) considère notamment le journaliste « victime de représailles politiquement motivées » en raison de son travail.

En juin 2017, son journal a accusé Viktor Ledeniov, le chef de l’antenne locale du Comité d’enquête russe, principal organisme chargé des investigations criminelles, de posséder une villa luxueuse non déclarée. Quelques mois plus tard, M. Roudnikov a été arrêté et accusé d’avoir tenté d’extorquer 50 000 dollars à M. Ledeniov pour cesser, selon les enquêteurs, de diffuser dans les médias des informations négatives le concernant. Le journaliste a rejeté ces accusations.

Sa libération intervient peu après le dénouement de l’affaire d’un autre journaliste russe, Ivan Golounov, du site Internet d’information Meduza, réputé pour ses enquêtes sur la corruption. Arrêté début juin et accusé de trafic de drogue, il a finalement été disculpé et libéré après une mobilisation quasi sans précédent de la société civile russe et des médias.