Elle avait réussi à lui échapper et l’avait quitté pour un autre homme. Il l’a pourchassée et tuée d’une balle dans la tête. Un homme a été condamné, lundi 17 juin, à vingt-deux ans de prison par la cour d’assises de l’Essonne pour le meurtre de son ex-compagne, qu’il espionnait et harcelait depuis des années.

L’avocate générale avait demandé trente ans de réclusion criminelle. Dans ses réquisitions, elle a rappelé le « contexte de harcèlement perpétuel » qu’a fait vivre Didier Santerre à sa compagne et mère de ses deux enfants : piratage de ses réseaux sociaux et mails, surveillance de ses sorties, micros « de la taille d’une tête d’aiguille » cachés dans les doublures de ses manteaux ou de son sac à main, géolocalisation, vérification du kilométrage de sa voiture… Jusqu’à ce qu’Angélique rencontre un autre homme en 2016 et qu’elle quitte Didier Santerre.

64 féminicides depuis le début de l’année

Il se met alors à les suivre, les menace de mort, souvent par leurs enfants, de 17 et 10 ans. A ses amies, « Angélique dit qu’il lui fait peur, qu’elle pense que son compagnon est capable de la tuer », rappelle l’avocate générale.

Quelques semaines plus tard, Didier Santerre se rend à l’appartement de son ex-compagne pour « discuter » de la garde des enfants, expliquera-t-il. « Il se trouve qu’il s’y rend avec deux armes de poing », avait précisé le président au début du procès. Il frappe à la porte, pointe un pistolet sur le nouveau compagnon de son ex-compagne, qui lui a « gâché vingt-deux ans de (sa) vie » lui dit-il. Il appuie sur la détente à plusieurs reprises – en visant « la gorge, le ventre, la tête », répète l’avocate générale –, sans que le coup ne parte.

En quittant l’immeuble, il tombe sur son ex-compagne qui entre dans le parking. Il la suit et, « terrorisée », dit l’avocate générale, elle se réfugie dans sa voiture. Il brise la vitre avec son arme et lui tire une balle dans la tête. « Le coup est parti accidentellement », soutiendra-t-il.

Le collectif Féminicides par compagnons ou ex recense 64 féminicides depuis le début de l’année. Selon les dernières données du gouvernement, près de 220 000 femmes ont subi des violences conjugales en 2017 et 130 sont mortes tuées par leur conjoint ou ex-compagnon.