Gaëtane Thiney aux prises avec Ngozi Ebere, à Rennes, le 17 juin. / FRANCK FIFE / AFP

Chronique. Ce troisième match a vu un nouveau type d’adversaire opposé aux Françaises après les Sud-Coréennes et les Norvégiennes. Face à une équipe bien regroupée et voulant surtout défendre dans ses quarante mètres, les Bleues ont dominé et m’ont paru plus décontractées, dans cette rencontre aux enjeux moindres. A la clé, beaucoup d’attaques placées, beaucoup de possession et un style différent de ce qu’elles font d’ordinaire, avec quelques tentatives de produire un football plus léché, et spectaculaire.

Contrairement aux deux premiers adversaires, le Nigeria a proposé un bloc compact, bien regroupé et cherchant à contrer les Bleues. Mais elles n’avaient absolument pas les moyens de contourner la défense française et créer le danger.

Néanmoins, l’arbitrage est, pour l’instant, très favorable au pays organisateur. Même si elle a appliqué les règles stricto sensu, il y a de quoi être surpris que l’arbitre octroie un second penalty aux Bleues – qui leur a permis d’aller chercher la victoire – après cette erreur de la gardienne, les pieds un peu avancés par rapport à la ligne de but.

Franchir un palier

Dans le jeu, les Nigérianes ont mis en exergue l’incapacité française à se procurer des occasions dès lors que l’adversaire joue arc-bouté en défense. Un problème récurrent en équipe de France, y compris chez les hommes, où l’on préfère affronter une équipe faisant jeu – de possession tout du moins – égal ou prenant des risques, que l’on pourra ensuite contrer.

Bien que reposant sur l’ossature d’un club – l’Olympique lyonnais – ayant affiné ses combinaisons, l’équipe de France a eu énormément de difficultés à combiner. L’équation demeure pour les Bleues : comment, dans les quarante mètres adverses, se créer davantage d’occasions sans en concéder ? C’est là qu’il faut franchir un palier et c’est le plus difficile.

Si j’étais adversaire de l’équipe de France dans un match à élimination directe, je ferais en sorte de ne pas lui laisser beaucoup de place dans la profondeur. Car si les Américaines ou les Brésiliennes, ou d’autres, prennent beaucoup de risques, elles prennent aussi celui d’être contrées.

Or, dès l’instant où les équipes adverses vont essayer de faire jeu égal ou de dominer l’équipe de France, elles seront en danger. Cela pourrait permettre aux Bleues d’exprimer encore plus leurs capacités d’équipe de jeu direct. Et là, ne pas avoir rencontré une opposition phénoménale n’empêchera pas les Le Sommer, Cascarino et autres d’imposer leur style. Celui fait de contres, de verticalité et de profondeur.

Avant la phase finale, on a vu un large écart, tant dans l’intensité, le rythme, et la qualité individuelle, entre l’équipe de France et ses adversaires. Ce qui a permis aux Bleues de ne pas puiser dans leurs ressources. Même si elles vont affronter des équipes aussi fortes qu’elles en termes d’impact ou d’intensité, elles se sont qualifiées avec une certaine aisance, et c’est intéressant pour la suite.

Jean-Marc Furlan

Jean-Marc Furlan est devenu entraîneur de l’AJ Auxerre (Ligue 2) à l’intersaison, après avoir mené le Stade brestois vers la Ligue 1. Il analyse pour « Le Monde » les matchs de l’équipe de France féminine pendant la Coupe du monde.