Plusieurs associations antinucléaires demandent une enquête après avoir relevé, en janvier 2019, un taux anormalement élevé de tritium dans les eaux de la Loire, au niveau de Saumur (Maine-et-Loire). Ils dénoncent, mardi 18 juin, une « contamination » radioactive « anormalement élevée » en aval de cinq centrales nucléaires.

Le laboratoire de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO) a relevé une concentration en tritium (hydrogène radioactif) de 310 becquerels par litre en janvier dernier. Il s’agit du seul relevé supérieur à 60 Bq/L entre décembre 2017 et mai 2019, selon le rapport des associations.

« Valeur exceptionnelle »

« Est-ce dû à un incident ? », se demande le collectif, dont Sortir du nucléaire, qui réclame que « cette valeur exceptionnelle » soit « expliquée par EDF et les autorités ». Leurs relevés pointent, par ailleurs, des concentrations régulièrement supérieures à 15 Bq/L dans les eaux potables de Saumur.

Naturellement présent dans l’eau à des niveaux très faibles, le tritium peut être rejeté par de nombreuses installations nucléaires, selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui précise que son impact est « toujours très local. » Les niveaux de cet isotope de l’hydrogène montent habituellement, selon l’IRSN, « de quelques Bq/L à plusieurs dizaines de Bq/L en aval des centrales nucléaires », et « de quelques dizaines à quelques centaines de Bq/L autour des certaines installations [centres CEA de Marcoule et Valduc, site Orano de La Hague] ».

Selon le rapport du collectif, « sur la Loire, le tritium est présent sur près de 400 km, entre Dampierre-en-Burly et Nantes ». A Châtellerault, sur la Vienne, « les eaux de la rivière et de consommation sont contaminées à chaque prélèvement mensuel depuis décembre dernier, à des niveaux qui peuvent atteindre 50 Bq/L. » Les associations affirment que « la centrale nucléaire de Civaux en est à l’origine ».

Augmentation des rejets en France

Selon un arrêté ministériel, le dépassement du seuil de 100 Bq/L doit entraîner « l’identification et la quantification » d’autres particules nucléaires. Et l’Organisation mondiale de la santé recommande « une valeur guide de 10 000 Bq/L pour le tritium dans l’eau de boisson, à considérer en cas de consommation permanente de l’eau ».

Dans un rapport demandé par l’Association nationale des commissions locales d’information nucléaire, un scientifique du CNRS concluait en 2010 à une « sous-estimation » par « les instances de radioprotection » de « la toxicité » du tritium, seul radioélément dont les rejets autorisés augmentent en France. Par ailleurs, « le manque de données » sur des « effets cancérogènes du tritium (…) est flagrant », selon ce rapport.