« Les Etats-Unis gèrent des camps de concentration à la frontière sud, c’est exactement ce qu’ils sont », a déclaré la jeune élue du Congrès lundi soir dans une intervention vidéo en direct sur Instagram. / Patrick Semansky / AP

La question de l’immigration illégale était l’un des axes de la campagne de Donald Trump en 2016 et reste au cœur des préoccupations du président, candidat à sa succession. Lundi soir, dans un de ses tweets tardifs, il a annoncé, que « la semaine prochaine l’ICE [ pour United States Immigration and Customs Enforcement, la police aux frontières] va commencer à expulser les millions d’étrangers illégaux qui sont entrés de manière illicite aux Etats-Unis ». Chez les démocrates, Alexandria Ocasio-Cortez a allumé une nouvelle polémique après avoir qualifié les camps de rétention pour migrants érigés à la frontière sud des Etats-Unis de « camps de concentration ».

« Les Etats-Unis gèrent des camps de concentration à la frontière sud, c’est exactement ce qu’ils sont », a déclaré la jeune élue du Congrès lundi soir dans une intervention vidéo en direct sur Instagram. « C’est extrêmement dérangeant et il faut réagir », a ajouté l’élue. « Une présidence qui crée des camps de concentration est fasciste », a-t-elle asséné.

Les élus républicains n’ont pas tardé à réagir : « C’est une faute @AOC. Ce sont des mots dangereux et écœurants qui portent atteinte aux millions de personnes tuées dans l’Holocauste », a tweeté le sénateur républicain de Floride Rick Scott.

« S’il vous plaît @AOC, rendez-nous service et passez quelques minutes à réviser l’Histoire », a renchéri la représentante Liz Cheney, fille de l’ancien vice-président Dick Cheney. « Six millions de juifs ont été exterminés durant l’Holocauste. Vous salissez leur mémoire et vous vous déshonorez avec ce type de commentaires ».

Guère impressionnée, la démocrate a contre-attaqué : « A tous les républicains geignards qui ne connaissent pas la différence : les camps de concentration et les camps de la mort ne sont pas la même chose. Les camps de concentration sont considérés par les experts comme les lieux » de détention de masse de civils sans procès « et c’est exactement ce que ce gouvernement fait », a-t-elle écrit mardi matin sur Twitter.

Jonathan Greenblatt, président de l’association de lutte contre l’antisémitisme Anti-Defamation League (ADL), a toutefois « appelé à la prudence dans les comparaisons avec l’Holocauste ».

Afflux de réfugiés à la frontière

Plus de 10,5 millions de sans-papiers sont installés aux Etats-Unis, selon des estimations de l’institut Pew. En 2018, la police aux frontières n’a procédé qu’à environ 250 000 expulsions.

Les Etats-Unis enregistrent depuis des mois une forte hausse des arrivées de migrants à la frontière avec le Mexique. En mai, les gardes-frontières américains y ont arrêté plus de 144 000 personnes, dont 57 000 mineurs.

Le Congrès finance un peu plus de 40 000 places dans des centres de rétention, trop peu pour faire face à ces flux. De nombreux migrants sont donc remis en liberté, quand les autres s’entassent dans des structures surchargées.