Le Massachusetts Institute of Technology (MIT, Etats-Unis) est de nouveau en tête de ce classement international des universités. / LORENZO DE SIMONE / AGF Foto / Photononstop

Depuis l’émergence des classements internationaux des universités, il y a une quinzaine d’années, les établissements français se sont habitués à des résultats décevants. Publié mercredi 19 juin, le palmarès QS 2020, qui fait chuter les universités françaises dans la hiérarchie mondiale, est à cette image.

Sur 31 universités et grandes écoles françaises classées par le cabinet de conseil britannique Quacquarelli Symonds, 17 perdent des places. Première française, l’université PSL (Paris sciences et lettres) recule de trois rangs par rapport à l’année dernière, pour arriver à la 53e place. Pour la première fois en seize éditions, la France sort du « top 50 mondial » de QS.

Critiqués depuis toujours sur leur méthodologie, les classements internationaux des universités, en particulier celui de Shanghaï, celui du Times Higher Education (THE) et celui de QS, ne sont plus regardés de haut par les universités. Ceux-ci sont devenus, au fil du temps, un critère de choix pour les étudiants en mobilité internationale et pour certains enseignants-chercheurs. Bref, un facteur-clé d’attractivité. Preuve que le sujet est devenu majeur pour les établissements, le ministère de l’enseignement supérieur et la Conférence des présidents d’université organisaient, lundi 17 juin, une journée d’échanges sur le sujet, pour « donner des clés aux établissements pour se positionner ». Ils y ont annoncé la constitution d’un réseau de « référents classements » dans les établissements afin d’« accroître l’attractivité des établissements français ».

Dans l’édition 2020 du classement QS, le haut du classement reste dominé par les universités britanniques et américaines, avec un top 3 inchangé : MIT, Stanford, Harvard. Le premier établissement européen, l’ETH Zurich, se place au 6e rang.

Deux autres établissements français se hissent, comme l’année dernière, dans le top 100 : l’Ecole polytechnique (60e place, contre 65e l’an dernier) et Sorbonne Université (77e place, au lieu de 75e). L’X doit cette progression à l’amélioration de ses performances en recherche.

Baisse de réputation et d’attractivité

Si les universités françaises sont mal loties, c’est que les critères du classement QS leur sont peu favorables. Le cabinet QS utilise six indicateurs pour établir son palmarès : la réputation académique auprès des pairs (fondée sur une étude auprès de 94 000 universitaires) ; la réputation auprès des employeurs (mesurée par une enquête auprès de 44 000 institutions) ; les citations d’articles de recherche ; le nombre d’enseignants par étudiants ; la proportion d’enseignants internationaux ; et la proportion d’étudiants internationaux.

Cette année, « la baisse des performances françaises est due, en partie, à nos enquêtes de réputation », explique Jack Moran, responsable des relations publiques de QS. Vingt-cinq universités françaises sur trente et une classées ont vu leurs résultats se dégrader sur cet indicateur. Pour M. Moran, « acquérir les compétences demandées par les employeurs se fait plus facilement dans des classes à effectifs réduits et les universités françaises n’ont souvent pas les possibilités d’offrir ce cadre à leurs étudiants ».

En outre, 26 établissements français ont diminué sur le critère de la réputation auprès des pairs académiques. Côté recherche, les universités françaises perdent aussi du terrain. « Des universités asiatiques mettent en place des stratégies scientifiques offensives et font évoluer les hiérarchies », note Jack Moran.

Autre facteur pris en compte dans ce classement : le ratio d’enseignants internationaux. Sur ce critère, les universités françaises, avec leur système de recrutement très national et les spécificités du statut de la fonction publique, sont nécessairement défavorisées. Dans cette édition, vingt universités françaises ont vu leur ratio d’enseignants internationaux chuter, et dans vingt et une le nombre d’étudiants étrangers baisser.

On note cependant que deux établissements français, non classés jusque-là, font leur apparition dans le top 300 : Télécom ParisTech (249e) et l’Université de Paris (253e). Issue de la fusion des universités Paris-Diderot et Paris-Descartes et de l’Institut de physique du globe, cette nouvelle entité fait mieux que ses prédécesseures.

Des chercheurs français sous le radar

Il reste que ces résultats doivent être relativisés. Dans d’autres classements, qui utilisent d’autres critères, les établissements français s’en sortent mieux. PSL a fait son entrée dans le top 50 de l’édition 2018 du THE, marquée par une embellie des performances françaises. En 2018, le classement de Shanghaï avait entériné une relative stabilité des universités françaises, Sorbonne Université arrivant à la 36e place et la France conservant sa 6e place mondiale.

Le mouvement de regroupement des universités françaises, amorcé depuis une dizaine d’années, devait permettre, grâce à un « effet volume » et au regroupement de la recherche sous une même bannière, d’avoir un fort impact sur les classements. Mais les effets peinent à se faire sentir. Notamment en raison d’une spécificité française : le poids des prestigieux organismes de recherche (CNRS, Inserm, INRA, etc.) et les multiples affiliations des chercheurs qui conduisent leurs travaux dans des laboratoires sous tutelle de ces organismes et des universités. Résultat : la production d’une partie des meilleurs chercheurs français n’est pas prise en compte dans les palmarès.

Frédérique Vidal, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, a d’ailleurs demandé en février, dans un courrier, à ces chercheurs de mentionner l’université à laquelle leur laboratoire est rattaché comme première affiliation. Une manière de ne plus échapper aux radars des classeurs.