Un Français sur trois ne croit pas que les vaccins soient sûrs, selon une étude de l’institut Gallup pour l’ONG britannique Wellcome. / JAMES AKENA / REUTERS

Un Français sur trois ne croit pas que les vaccins soient sûrs, selon une enquête mondiale publiée mercredi 19 juin et qui fait de l’Hexagone le pays le plus sceptique parmi la centaine étudiée. La France est aussi le seul pays où une majorité des gens interrogés (55 %) se dit persuadée que la science et les technologies vont mener à des suppressions d’emplois dans leur région.

L’étude réalisée par l’institut de sondage américain Gallup pour l’ONG médicale britannique Wellcome est la première du genre : 140 000 personnes de plus de 15 ans, dans 144 pays, sondées en 2018 sur ce qu’elles pensent de la science, des professionnels de santé et des vaccins.

« L’effet de laisser-aller »

Les habitants des pays riches font le moins confiance aux vaccins, particulièrement en Europe, un phénomène à mettre en parallèle avec le développement des mouvements anti-vaccins, considéré comme l’un des facteurs du retour de la rougeole dans certains Etats développés, dont la France et les Etats-Unis.

Mais ce sentiment ne se concrétise toutefois pas forcément dans les faits : la couverture vaccinale étant à la hausse, selon le gouvernement français.

Les Français semblent parallèlement se méfier particulièrement des institutions politiques et médiatiques. La moitié ne fait « pas beaucoup » ou « pas du tout » confiance aux journalistes, la deuxième plus haute proportion dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) après la Grèce. La méfiance envers le gouvernement est aussi relativement élevée, selon Gallup.

Sur les vaccins, l’écart est flagrant avec le Bangladesh ou le Rwanda, où la quasi-totalité de la population dit avoir confiance dans leur sûreté et leur efficacité.

« Dans ces pays-là, il y a plus de maladies contagieuses, et leurs habitants voient sans doute ce qu’il se passe lorsqu’on n’est pas vacciné », explique à l’Agence France-Presse Imran Khan, qui a mené l’étude pour Wellcome. « Alors qu’aux Etats-Unis et en France, lorsqu’on n’est pas vacciné, on a moins de risque de tomber malade, car les systèmes de santé sont plutôt bons, et quand on est contaminé, on risque moins de mourir. » Le chercheur appelle cela « l’effet de laisser-aller ».

La couverture vaccinale progresse

Dans cette attitude de méfiance, la France est suivie par le Gabon, le Togo, la Russie et la Suisse. Le rejet est un peu moindre (19 %) quand on demande aux Français s’ils croient les vaccins « efficaces ». Par ailleurs, un Français sur dix ne croit pas qu’il soit important de vacciner les enfants.

Cela correspond approximativement aux chiffres d’une étude publiée par l’agence sanitaire Santé publique France en avril, selon laquelle 91 % des parents d’enfants de moins de 2 ans considéraient que la vaccination était importante pour la santé des plus jeunes (+ 5 points par rapport à juin 2018).

En général, dans l’Hexagone, les pouvoirs publics estiment que la couverture vaccinale progresse depuis le passage de trois à onze vaccins obligatoires pour les enfants nés depuis 2018 : 87 % des enfants qui ont eu 1 an en 2018 sont vaccinés contre la rougeole.

L’enquête menée par Gallup, un institut de référence aux Etats-Unis, montre également que les pays plus religieux avaient plus tendance à croire aux apports positifs de la science. « Plus il y a de gens qui se déclarent religieux dans un pays donné, moins il y a de gens dans ce pays qui croient que religion et science sont en opposition », dit Imran Khan.

Quant à la crainte que les robots prennent les emplois des humains, particulièrement forte en France, le rapport émet une hypothèse : « La mauvaise performance de l’économie française ces dernières années est peut-être un facteur contribuant à ce sentiment. »

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