Un homme brandit le drapeau de La Manif pour tous, à Rome (Italie), le 20 juin 2015. / AFP/Tiziana Fabi

Présenté en conseil des ministres en juillet, débattu à l’Assemblée en septembre. Il aura suffi qu’Edouard Philippe annonce le calendrier du projet de loi contenant l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules pour que les « anti » montent au front. La Manif pour tous qui, en 2012 et 2013, avait fait descendre dans la rue plusieurs centaines de milliers de personnes opposées au mariage entre personnes de même sexe, entend mener de nouveau la bataille. « La PMA sans père ne passera pas comme une lettre à la poste », a prévenu le mouvement dans un communiqué, suite au discours de politique générale du premier ministre, le 12 juin.

Toutefois, le mouvement souhaite attendre encore quelque temps avant de rendre publique une quelconque stratégie. « On va voir ce qui se passe d’ici la fin du mois de juillet, prévient Ludovine de La Rochère, présidente du collectif. Mais si le gouvernement continue de piétiner les états généraux de la bioéthique, nous agirons de manière plus ferme. » Les anti-PMA attendent que le gouvernement réponde à de nombreuses questions, notamment sur les conséquences pour l’enfant de la « légalisation d’une telle pratique ». Une conférence de presse est prévue dans les prochains jours – sans que la date ne soit encore précisée – pour interpeller l’exécutif.

« Noyau dur aguerri »

Reste maintenant à savoir si la PMA mobilisera autant que le mariage pour tous. Pour Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’institut de sondage IFOP, le sujet en lui-même n’est pas moins mobilisateur que la question du mariage homosexuel. Tout dépendra du contexte dans lequel auront lieu les débats. « En 2012 et 2013, l’attitude du gouvernement avait été extrêmement virulente vis-à-vis des opposants. Emmanuel Macron, qui était à cette période secrétaire général adjoint de l’Élysée, a pu en tirer des conclusions. On peut s’attendre à ce qu’il mette les formes cette fois-ci, et donc à une opposition moins forte », indique le politologue.

En ce qui concerne le mouvement d’opposition, Jérôme Fourquet explique qu’il reste un « noyau dur aguerri », « à la détermination intacte ». Les simples sympathisants, eux, pourraient être moins mobilisables. « Quand vous perdez une bataille, il y a un effet de démoralisation. C’est dur de repartir au combat ensuite. Surtout que, dans ce cas précis, les gens peuvent se dire que le principal combat a été perdu en 2013. A quoi bon se mobiliser aujourd’hui ? », avance-t-il. Ludovine de La Rochère se veut, elle, optimiste et rappelle : « A l’automne 2012, personne ne croyait à des mobilisations massives. On a vu la suite… »