L’avis du « Monde » – On peut éviter

Il n’y a guère d’individu qui ait façonné aussi profondément l’imaginaire d’une civilisation que John Ronald Reuel (J. R. R.) Tolkien, pour le meilleur et pour le pire. Stephen King et George Lucas, les auteurs d’Avengers et ceux de Game of Thrones ont cultivé leurs jardins fantastiques à l’ombre de la trilogie du Seigneur des anneaux.

Ce rappel pour donner la mesure de l’échec de ce récit des jeunes années de Tolkien (1892-1973), de son enfance orpheline à Birmingham à ses débuts d’auteur de fiction, en passant par les collèges d’Oxford et les tranchées de la Somme. Doté d’un budget conséquent, peuplé de visages sympathiques (le joli Nicolas Hoult incarne l’écrivain, Lily Collins son premier et dernier amour, Colm Meaney et Derek Jacobi représentent la génération victorienne), Tolkien est dépourvu de toute imagination.

Un soupçon homéopathique d’humour

Le réalisateur finlandais Dome Karukoski s’est strictement tenu aux règles du film britannique en costume : beaucoup de rituels (le thé, les pérambulations dans les jardins d’Oxford, le départ au et le retour du front), beaucoup de bienséance et de grands sentiments et un soupçon homéopathique d’humour. L’épanouissement du talent de Tolkien est chroniqué soit comme une série d’événements qui ne demandent qu’à être transposés en Terre du milieu (brûlé par la fièvre, le lieutenant Tolkien est investi d’une mission périlleuse dans les tranchées, il ne l’accomplit que grâce à la constance de son ordonnance, un garçon simple et fort nommé Sam), soit comme une série de micro-révélations quasi-mystiques. Rien qui n’éclaire vraiment la connaissance de l’œuvre ou de l’homme.

TOLKIEN | Bande-Annonce [Officielle] VF HD | 2019
Durée : 02:03

Film britannique de Dome Karukoski. Avec Nicolas Hoult, Lily Collins, Colm Meaney, Derek Jacobi (1 h 52). www.foxsearchlight.com/tolkien et www.facebook.com/TolkienFilm