Les débris de l’avion de la Malaysia Airlines en Ukraine, en juillet 2014. / MAXIM ZMEYEV / REUTERS

Trois Russes et un Ukrainien. L’équipe internationale conduite par les Pays-Bas, qui enquête sur le crash du vol MH17 abattu en 2014 au-dessus de l’est séparatiste de l’Ukraine par un missile russe, a donné mercredi 19 juin les noms de quatre suspects.

Les enquêteurs ont identifié comme suspects les Russes Sergueï Doubinski, Igor Guirkine et Oleg Poulatov ainsi que l’Ukrainien Leonid Karchenko. Tous les quatre sont poursuivis pour meurtre par le parquet néerlandais.

« Il y aura un procès le 9 mars 2020 contre quatre personnes accusées de meurtre », a pour sa part déclaré à la presse Silene Fredriksz, dont le fils et la belle-fille avaient péri dans la tragédie. « Vladimir Poutine a rendu cela possible. Il est le principal responsable », a-t-elle dénoncé.

Les enquêteurs internationaux ont précisé qu’ils ne chercheraient pas à faire extrader les suspects, les Constitutions des deux pays ne le permettant pas. « Dans un premier temps, nous allons demander à la Russie de remettre les assignations aux suspects présents dans le pays », a expliqué le procureur Fred Westerbeke.

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Un suspect dément toute implication

Mis en cause, le Russe Igor Guirkine, qui était l’un des chefs de guerre des séparatistes à l’époque du crash, a lui démenti mercredi toute implication des séparatistes dans la tragédie. « Tout ce que je peux dire, c’est que le Boeing n’a pas été abattu par les rebelles », a-t-il déclaré, cité par l’agence Interfax. Igor Guirkine a également annoncé qu’il n’entendait pas témoigner dans le cadre de cette affaire.

Le 17 juillet 2014, ce Boeing 777 devant relier Amsterdam à Kuala Lumpur avait été abattu en plein vol au-dessus de la zone de conflit armé dans l’est séparatiste prorusse de l’Ukraine, faisant 298 morts.

L’équipe internationale d’investigation conjointe (Joint Investigation Team, JIT), conduite par les Pays-Bas et composée d’enquêteurs venus d’Australie, de Belgique, de Malaisie, des Pays-Bas et d’Ukraine, avait annoncé en mai 2018 avoir établi que le missile ayant abattu l’avion provenait de la 53e brigade antiaérienne russe basée à Koursk (ouest de la Russie).

Les Pays-Bas et l’Australie, dont 38 ressortissants figuraient parmi les victimes, ont ouvertement accusé la Russie d’être responsable de la mort de leurs ressortissants après les révélations de la JIT. Pour la première fois, la responsabilité de cette catastrophe était ouvertement imputée à Moscou, qui a nié avec véhémence toute implication, rejetant la faute sur Kiev.

Le crash du vol MH17 avait encore détérioré les relations entre la Russie et les pays occidentaux, déjà au plus bas après l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou en 2014 et le déclenchement du conflit ukrainien avec les séparatistes, que la Russie est accusée de soutenir, ce qu’elle nie.

Après les révélations des enquêteurs sur l’origine russe du missile, l’Union européenne et l’OTAN avaient exhorté Moscou à reconnaître sa « responsabilité ». Les ministres du G7 avaient ensuite appelé en juillet la Russie à « reconnaître son rôle » dans cette affaire, déclarant que l’enquête avait conduit à des conclusions « convaincantes » et « profondément troublantes » sur son implication.

Vol MH17 : la piste du missile russe expliquée
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