Des enfants surveillés pour malnutrition à l’hôpital d’Hajjah, dans le nord-ouest du Yémen. / ESSA AHMED / AFP

La menace planait depuis plusieurs semaines. Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a annoncé, jeudi 20 juin, une suspension partielle de son aide alimentaire dans les zones du Yémen se trouvant sous le contrôle des autorités basées à Sanaa, invoquant un risque de détournement de cette aide.

La décision a été prise « en dernier recours après de longues négociations sur un accord visant à introduire des contrôles pour empêcher le détournement de denrées alimentaires de certaines des personnes les plus vulnérables du Yémen », explique le PAM dans un communiqué. « L’intégrité de nos opérations est menacée et notre responsabilité envers ceux que nous aidons a été minée », poursuit le programme, basé à Rome.

850 000 personnes affectées

L ’organisation onusienne précise que cette suspension « va affecter 850 000 personnes ». Les programmes à destination des enfants victimes de malnutrition, des femmes enceintes et des mères de nouveau-nés devraient, eux, être préservés.

Le PAM dit avoir sollicité l’appui des autorités de Sanaa pour mettre en place un système d’enregistrement biométrique qui préviendrait les détournements et protégerait les familles yéménites qu’il sert, mais explique  « ne pas être encore parvenu à un accord » :

« Trop de Yéménites ont trop souffert pendant trop longtemps au cours de ce conflit en cours. Nous continuerons à rechercher la coopération des autorités basées à Sanaa et nous restons optimistes quant à la voie à suivre. »

Au total, plus de 10 millions de Yéménites dépendent des rations alimentaires de l’agence onusienne. Mais le directeur exécutif du PAM, David Beasley, a expliqué, en début de semaine, qu’une part importante de cette aide humanitaire était détournée et a appelé les miliciens houthistes, qui tiennent une partie du Yémen, à laisser ses équipes faire leur travail.

David Beasley a précisé que les détournements d’aide humanitaire ne se limitaient pas aux zones contrôlées par les rebelles, mais, a-t-il ajouté, « lorsque nous sommes face à des défis dans des zones contrôlées par le gouvernement nous avons bénéficié d’une coopération pour régler ces problèmes ».

Depuis l’intervention en mars 2015 de la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis contre les rebelles houthistes, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées au Yémen, depuis en proie à une crise humanitaire d’une ampleur sans équivalent actuellement dans le monde.

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