Annoncée comme celle de l’apaisement après la débâcle des européennes, la course à la candidature pour la présidence de LR pourrait finalement révéler des énergies dissidentes, tant les appétits s’aiguisent pour incarner une alternative à l’option Christian Jacob.

Le premier mouvement dans la guerre de position des candidatures aura été un recul, celui du patron des sénateurs, Bruno Retailleau. Non sans égratigner le parti, le sénateur de Vendée s’est effacé pour « éviter une guerre des chefs » et se réserver pour d’autres échéances.

Mais d’autres cadres, non tenus par une exigence de concorde entre l’Assemblée et le Sénat, voient dans le scrutin d’octobre l’occasion de se compter et d’ouvrir le débat sur l’avenir du parti à l’horizon 2022. En interne, on commence à sonder les élus, avec en tête la barre des douze parrainages nécessaires au dépôt d’une candidature cet été (de mi-juillet à mi-août).

« Calmer les esprits »

Les députés Guillaume Peltier, qui défend une ligne sociale, Guillaume Larrivé, qui propose une réconciliation « nationale libérale », mais aussi le souverainiste Julien Aubert et le délégué général de LR et eurodéputé Geoffroy Didier y réfléchissent. « Ma décision dépendra de la tournure que va prendre l’élection. Si sa vertu doit être de calmer les esprits, alors Christian Jacob est l’homme idoine. Si elle devient, en revanche, un débat de lignes politiques pour 2022, j’y prendrai toute ma part », prévient Geoffroy Didier.

Renouvellement, « électrochoc nécessaire », « débat d’idées », tels sont les maîtres mots des candidatures potentielles face à Christian Jacob, des formules que réfutent des élus, qui y voient au contraire le signe d’une permanence des structures héritées de Laurent Wauquiez. « Tous ces candidats viennent de la garde rapprochée de Wauquiez ! Guillaume Peltier, Julien Aubert, Guillaume Larrivé… Ils ont validé sa ligne et ont protesté mollement. Le départ de Wauquiez, c’est l’arbre qui cache la forêt, personne ne se remet en question », lâche ainsi un député LR.

« Profonde erreur »

« Ces élections sont une profonde erreur », estime pour sa part le député Eric Woerth, qui ne sera « sans doute » pas candidat face à Christian Jacob. Partisan d’une direction collégiale temporaire (option que soutenait aussi Valérie Pécresse avant son départ, le 5 juin), le libéral déplore que l’élection ne permette pas de « parler aussi à tous ceux qui sont partis ».

« Le renoncement de Bruno Retailleau à y aller à cause du verrouillage et ses doutes sur la capacité à changer de l’intérieur montrent que Valérie Pécresse a pris la bonne décision », abonde un proche de la présidente de la région Ile-de-France, pour qui, « aujourd’hui, toutes les instances restent dans la main des affidés de Laurent Wauquiez ».