Tobin Heath auteure du deuxième but pour les USA face à la Suède. / DAMIEN MEYER / AFP

Les Etats-Unis passaient leur premier vrai test depuis le début de la Coupe du monde. Après deux victoires acquises contre des adversaires de faible niveau (13-0 face à la Thaïlande et 3-0 face au Chili), la sélection américaine a pu se mesurer à une équipe d’un tout autre calibre. Et effacer le douloureux souvenir de leur élimination en quart de finale des Jeux olympiques de Rio en 2016 face à ces mêmes Suédoises. Elles se sont imposées sans trop de difficulté (2-0), jeudi 20 juin, au Stade Océane au Havre.

Si les deux équipes étaient déjà qualifiées avant cette rencontre, la première place du groupe représentait un enjeu non négligeable. Un cadeau « empoisonné » aussi car en cas de victoire en huitièmes de finale face à l’Espagne lundi prochain à Reims, les USA pourraient retrouver la France en quart de finale. De son côté, la Suède affrontera en huitièmes les Pays-Bas, mais pourrait se heurter à l’Allemagne au tour suivant.

Dans un stade bien rempli (22 000 spectateurs) à défaut d’être totalement plein, et acquis à la cause des Américaines en dépit de la puissance vocale des supporteurs suédois, les joueuses de Jill Ellis – plus vives, plus entreprenantes, plus techniques – n’ont encore laissé aucune chance à leurs adversaires. Rarement mises en danger depuis le début de cette compétition, elles ont néanmoins pu se rassurer sur le plan défensif face à des Suédoises dépassées mais qui ont joué crânement leurs chances, se procurant même quelques bonnes occasions en deuxième mi-temps.

Une revanche à prendre

Les deux équipes, qui ont disputé toutes les éditions de la Coupe du monde depuis sa création en 1991, attendaient cette confrontation avec impatience. Leur dernier affrontement dans une grande compétition internationale avait provoqué un séisme : la Suède avait en effet éliminé les Etats-Unis en quart de finale des JO de Rio en 2016 (1-1, 3-4 aux t.a.b.) alors que les championnes du monde en titre n’avaient jamais fait pire qu’une finale aux JO. C’était également la première fois que les Américaines étaient éliminées avant les demi-finales d’un grand tournoi planétaire.

Ce match avait également fait grand bruit car il avait précipité la retraite internationale de l’emblématique gardienne américaine Hope Solo qui avait qualifié les Suédoises de « bande de lâches » après la rencontre. Les « Bleus et jaunes » avaient en effet abandonné tous leurs principes offensifs pour verrouiller tous les espaces en défense. Un casse-tête que n’avaient pas su résoudre les « Stars and Stripes ».

Cette défaite avait été vécue comme un traumatisme par les Américaines, mais a également été l’acte fondateur de leur préparation à cette Coupe du monde. Si elles ont été habituées à jouer contre des blocs bas face à des équipes de moindre niveau, c’était la première fois qu’elles y étaient confrontées face à un poids lourd du football mondial. « Ce match m’a fait réaliser que nous avions besoin de joueuses capables de créer elles-mêmes des espaces, de casser les lignes, avait glissé à L’Equipe la sélectionneuse américaine Jill Ellis avant le début de la Coupe du monde. Le genre de joueuses capables de faire basculer un match face à une équipe aussi parfaitement organisée. »

Depuis cette rencontre, Jill Ellis a ainsi testé 61 joueuses avant de trouver le groupe et la formule qui lui convenaient. Le groupe de 23 joueuses amenées à disputer la Coupe du monde en France a donc été un savant mélange de sang neuf (11 novices dans la liste des 23 pour la Coupe du monde) et d’expérience (81 sélections de moyenne). Elle a également abandonné son traditionnel 4-4-2 pour un 4-3-3 plus offensif.

Il y avait donc comme un air de revanche sur la pelouse du stade Océane au Havre, bien que les Américaines s’en défendaient avant la rencontre. La sélectionneuse avait en tout cas choisi de reconduire l’équipe qui avait atomisé la Thaïlande à une exception près avec l’absence de Julie Ertz, touchée à une hanche. Et comme à leur habitude, les Américaines ont très bien démarré leur rencontre.

Une opposition un peu plus corsée

Si elles avaient eu la décence d’attendre la 13e minute pour ouvrir le score face à la Thaïlande, et la 11e minute face au Chili, elles se sont montrées encore plus précoces face aux Suédoises en marquant dès la 3e minute par Lindsay Horan, à la réception d’un corner bien tiré par Rapinoe. Il a alors fallu attendre la 20e minute et une belle frappe cadrée de Kosovare Asllani, ancienne joueuse du PSG, pour voir une réaction des Suédoises. Les Américaines ont ensuite contrôlé la rencontre et ont terminé cette première mi-temps avec 62 % de possession de balle et 13 frappes, contre seulement 3 pour les Suédoises.

Le scénario s’est répété dès le retour des vestiaires avec un but d’Heath à la 50e minute qui a récupéré le ballon à droite de la surface avant de déclencher une frappe puissante, contrée, et qui a finalement terminé dans les cages de Lindahl. Si Lloyd semblait bien hors-jeu sur le premier centre qui a amené le but, l’arbitre a finalement validé la deuxième réalisation américaine après une nouvelle intervention de la VAR et une énième décision litigieuse. Les Suédoises se sont ensuite procuré quelques occasions et ont pu tester une défense américaine très peu sollicitée depuis le début de la compétition. Mais ni Blackstenius (54e) ni Asslani (69e) n’ont pu tromper la vigilance de Naher et les Américaines ont ensuite géré tranquillement la fin de la rencontre.

Pour la petite histoire, les Etats-Unis ont battu le record de buts inscrits en phases de poules de la Coupe du monde, avec 18 réalisations. Une performance toute relative tant l’opposition de la Thaïlande était faible. Le succès acquis aux dépens des Suédoises en dit beaucoup plus sur le potentiel et la force de frappe des Américaines, toujours plus favorites pour la victoire finale.

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