La Néerlandaise Lineth Beerensteyn marque face aux Canadiennes, jeudi 20 juin, à Reims. / FRANCK FIFE / AFP

Sacrées Néerlandaises. Alors qu’on les trouvait brouillonnes et peu inspirées depuis le début de cette Coupe du monde de football, les championnes d’Europe en titre sont montées d’un cran en battant (2-1) les Canadiennes, 5es au classement FIFA et adversaires de taille, jeudi 20 juin, à Reims.

Si les deux équipes étaient déjà qualifiées pour les huitièmes de finale après deux victoires chacune, les Pays-Bas ont montré qu’elles en avaient encore sous le pied en assurant la première place de leur groupe. Elles affronteront en huitième de finale, à Rennes, le Japon, autre équipe favorite peu convaincante jusqu’ici.

« On a mieux joué aujourd’hui que les deux précédents matchs, tout le monde n’est pas encore à son maximum. J’espère que ce sera bientôt le cas, car, à notre meilleur niveau, on peut battre n’importe quelle équipe dans cette Coupe du monde », assurait Viviane Miedema après la rencontre. L’attaquante néerlandaise, déjà autrice de deux buts dans ce Mondial et meilleure buteuse de sa sélection avec 60 buts en 78 matchs, était évidemment très attendue à Reims.

Une buteuse peut en cacher une autre

Si elle s’est montrée dangereuse dès la première mi-temps avec une frappe sur le poteau, ce n’est pas elle qui a fait basculer le match. Ni l’héroïne de l’Euro 2017, Lieke Martens, transparente sur son côté gauche, mais bien deux nouvelles buteuses. Car les Néerlandaises aiment cultiver la surprise depuis le dernier Euro, remporté sur leurs terres contre toute attente voilà deux ans.

Si elles dominaient le dernier quart d’heure de la première mi-temps après trente minutes calmes, le but s’est ouvert après le retour des vestiaires. D’abord sur un coup de tête rageur aux 6 mètres d’Anouk Dekker à la 54e minute sur un coup franc de Sherida Spitse à gauche. Du haut de son 1,82 mètre, la défenseuse prenait le dessus sur la Lyonnaise Kadeisha Buchanan.

Les Néerlandaises concédaient ensuite une égalisation rapide par l’inévitable Christine Sinclair, d’une frappe forte du gauche au deuxième poteau sur un centre de la Parisienne Ashley Lawrence sur son côté droit. La capitaine canadienne signait, au passage, son 182e but en sélection, à deux longueurs du record de buts en matchs internationaux détenu par la retraitée américaine Amy Wambach (184).

Vint ensuite le moment de Lineth Beerensteyn, juste entrée en jeu, qui glissait le ballon au fond des filets, après une sortie hasardeuse de la gardienne canadienne Stéphanie Labbé sur un centre de Desiree Van Lunteren à la 74e.

Cinq buteuses

Les Oranje comptent maintenant cinq buteuses différentes dans leur rang dans cette Coupe du monde, dont deux remplaçantes. La sélectionneuse, Sarina Wiegman, avait déjà fait preuve d’un coaching gagnant dans le match fermé face à la Nouvelle-Zélande, quand Jill Roord était entrée sur le terrain pour offrir la victoire aux siennes dans les arrêts de jeu (1-0). Une tactique assumée.

« Notre jeu n’est pas structuré autour d’une seule joueuse (…). Pour Martens, c’est difficile de développer son jeu, car elle est toujours pressée et connue par les autres équipes », expliquait la coach, prenant la défense de son ailière gauche, pas décisive depuis le début de ce Mondial :

« Les remplaçantes sont de bonnes joueuses, nous avons de bonnes qualités dans l’effectif et c’est ce que nous avons montré aujourd’hui. »

Marquer face au Canada est une performance en soi. Avant cette rencontre, les Canucks n’avaient encaissé qu’un seul but en dix rencontres en 2019. En concédant cette défaite, les Canadiennes finissent deuxièmes de leur groupe et rencontreront les deuxièmes du groupe F en huitièmes de finale, les robustes Suédoises, battues jeudi par les Américaines.

Plus d’effet de surprise

De leur côté, les Néerlandaises ont signé, jeudi, leur meilleure performance dans ce tournoi. Depuis leur titre en 2017, les championnes d’Europe ont du mal à confirmer leur statut. Si leur 4-3-3 résolument offensif avait surpris leurs adversaires il y a deux ans, il est maintenant étudié.

Comme un signe, les Oranje avaient même été les dernières à se qualifier pour le Mondial 2019 lors des barrages contre la Suisse. En Coupe du monde, elles ont été à la peine face à la Nouvelle-Zélande (1-0), et la victoire (3-1) face au Cameroun a révélé des faiblesses au niveau défensif. Ce dernier match est rassurant. « A aucun moment je n’ai eu le sentiment que nous n’allions pas gagner aujourd’hui, ça paraît présomptueux, mais on était juste confiantes et on doit garder ça face au Japon », glissait l’attaquante Viviane Miedema après la rencontre.

Le futur adversaire des Oranje fait partie des équipes favorites de cette Coupe du monde. Mais les Japonaises, vice-championnes du monde en titre et championnes en 2011, n’ont pas convaincu lors des phases de poule, gagnant seulement un match face à la modeste Ecosse et finissant deuxièmes de leur groupe. Un classement qui leur avait souri en 2011 – elles avaient alors fini deuxièmes de leur poule avant de gagner la compétition.

Le huitième de finale verra donc s’affronter deux équipes favorites toujours en rodage. Avec un avantage pour les Néerlandaises, leur public nombreux au rendez-vous en France, qui les avait poussées à se transcender en 2017 à domicile. Pas sûr que cela soit suffisant, cette fois-ci, pour faire un nouveau coup.