Jacques Rançon en mars 2018. / RAYMOND ROIG / AFP

Il a avoué trente-trois ans après les faits. Jacques Rançon a reconnu, lors de sa garde à vue, le viol et l’assassinat, en 1986 près d’Amiens, d’Isabelle Mesnage. L’homme, surnommé « le tueur de la gare de Perpignan » dans une autre affaire, a été mis en examen, a annoncé jeudi 20 juin le parquet d’Amiens.

Le corps d’Isabelle Mesnage, informaticienne de 20 ans, avait été découvert le 3 juillet 1986 aux abords d’un chemin de randonnée à Cachy (Somme). Ses vêtements étaient en partie déchirés et des objets lui appartenant avaient été retrouvés disséminés non loin d’elle. L’enquête avait piétiné jusqu’à un non-lieu prononcé en 1992, mais après « l’intervention des avocats de la famille de la victime », le parquet a décidé de rouvrir l’enquête, confiée depuis octobre à deux juges d’instruction en raison de « charges nouvelles ».

En effet, « des investigations ont confirmé la présence à Amiens à cette époque de Jacques Rançon », qui a grandi en Picardie, a confié une source proche du dossier. D’autres vérifications, notamment « sur le mode opératoire » du tueur, ont alimenté les soupçons des enquêteurs et ont motivé sa garde à vue, selon cette source.

Condamné à perpétuité

L’an dernier, l’homme avait été condamné à la prison à perpétuité pour les viols et meurtres de deux jeunes femmes disparues à Perpignan à la fin des années 1990. Son procès de mars 2018, long de trois semaines, avait profondément éprouvé les familles de Moktaria Chaïb, 19 ans, et Marie-Hélène Gonzalez, 22 ans, dont les viols et meurtres en décembre 1997 et juin 1998 près de la gare de Perpignan avaient été accompagnés d’atroces mutilations, notamment au niveau des parties génitales.

Jacques Rançon, qui s’était présenté la barbe hirsute et l’air négligé devant la cour d’assises des Pyrénées-Orientales, avait également été reconnu coupable d’une tentative de viol et d’une tentative de meurtre.

Homme à la corpulence massive, décrit par un expert comme « un grand psychopathe », qui « casse » ses victimes « comme un jouet », le quinquagénaire au lourd parcours criminel avait demandé « pardon » aux familles, mais sans donner d’explication à ses actes.

L’hypothèse d’un nombre plus important de victimes avait plané au cours de cette audience très médiatisée. « On n’est pas sûr qu’il n’y ait pas eu d’autres [victimes]», avait ainsi plaidé l’un des avocats des deux femmes survivantes et des familles, MPhilippe Capsié, listant « 13 passages à l’acte sur une vie émaillée de séjours en prison ».

« Périodes blanches »

Jacques Rançon sortait ainsi tout juste de la prison d’Amiens, où il avait été incarcéré pour un viol commis en 1992, quand il s’est installé dans un petit hôtel du quartier de la gare de Perpignan, quelques jours avant le meurtre de Moktaria Chaïb. C’est ce séjour derrière les barreaux qui l’a mis hors de cause dans la disparition en 1995 de Tatiana Andujar, une étudiante de 17 ans, également près de la gare de Perpignan.

Jacques Rançon a également écopé de cinq ans de prison ferme pour une agression dans un parc d’Amiens en 1999, un an après le meurtre de Marie-Hélène Gonzalez.

Lors du procès de Perpignan, MÉtienne Nicolau s’était également étonné des « périodes blanches » de Rançon entre sa première agression sexuelle en 1976 à l’âge de 16 ans, pour laquelle il n’a jamais été condamné, et celle de 1992 ; ou entre 1998, année du meurtre de Marie-Hélène Gonzalez, et son interpellation en 2014 après que son ADN a été identifié sur une chaussure de Moktaria Chaïb.