Dries Van Langenhove, 26 ans, élu du parti d’extrême droite Vlaams Belang (VB), le 27 mai 2019. / Virginia Mayo / AP

Il aura fallu une astuce pour éviter que la Belgique, toujours à la recherche d’une impossible majorité trois semaines après les élections législatives fédérales, offre au monde une image par trop symbolique : des députés prêtant serment, jeudi 20 juin, devant un jeune élu d’extrême droite, mis en examen il y a quelques jours pour racisme, négationnisme et infraction à la législation sur le port d’armes.

Dries Van Langenhove, 26 ans, est le plus jeune député belge et devait, à ce titre, monter à la tribune du Parlement, au côté du membre le plus ancien de l’Assemblée, Patrick Dewael, un libéral flamand. L’élu du Vlaams Belang (VB) allait donc participer activement à la cérémonie inaugurale, au cours de laquelle les 150 élus jurent leur attachement au respect de la Constitution et des lois d’un Etat que le parti de M. Van Langenhove espère voir disparaître au profit d’une république flamande.

M. Dewael, vieux routier du Parlement, a trouvé un stratagème dans les règlements de la Chambre pour éviter des images embarrassantes : il a dirigé la séance de son banc de député, sans monter à la tribune présidentielle. M. Van Langenhove était donc ainsi privé de la publicité qu’il recherchait et le calme pouvait revenir dans un hémicycle où des députés francophones affichaient ostensiblement un triangle rouge, symbole de la résistance à l’extrême droite. Des députés écologistes, francophones et flamands, brandissaient, quant à eux, des tee-shirts condamnant les appels à « la haine ».

Mis en examen pour racisme et négationnisme

M. Van Langenhove a été mis en examen au début de la semaine pour racisme, négationnisme et infraction à la législation sur le port d’armes. Fondateur d’une organisation identitaire, Schild & Vrienden, il avait été démasqué, en 2018, par un reportage d’une chaîne flamande. Un journaliste avait eu accès aux documents à caractère raciste, antisémite et sexiste d’un groupement appelant aussi à la violence. Sur une photo, le futur député posait, sourire aux lèvres, avec une arme lourde à la main.

La séance a finalement été interrompue assez rapidement, sans élection d’un nouveau président. Celle-ci a été reportée. Si la prestation de serment des élus du Vlaams Belang, qui sont dix-huit et forment le troisième groupe de l’Assemblée, n’a pas été applaudie par les partis francophones et la gauche, elle l’a été par des élus chrétiens démocrates flamands et ceux de l’Alliance néoflamande (N-VA). Le parti nationaliste de Bart De Wever négocie toujours avec l’extrême droite l’éventuel programme du gouvernement régional de Flandre, évoquant notamment les questions de l’enseignement, de la santé et de l’intégration.

A l’issue de ce troisième cycle de débats, Filip Dewinter, l’un des dirigeants historiques du Vlaams Belang, a affirmé qu’un consensus avec M. De Wever avait été trouvé et que le « cordon sanitaire » qui excluait sa formation était, de fait, brisé. Les autres partis de Flandre refusent toute collaboration avec l’extrême droite et il manquerait quatre sièges à une coalition N-VA-VB au parlement régional de Flandre.