Le chef rebelle tchadien Mahamat Nouri a été mis en examen, vendredi 21 juin à Paris, dans le cadre d’une enquête concernant des opérations de recrutement d’enfants soldats au Tchad et au Soudan. Soupçonné de « crimes contre l’humanité » et « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime contre l’humanité », il a été placé en détention provisoire.

Mahamat Nouri avait été arrêté, lundi 17 juin, dans le Val-de-Marne par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH). Le général, fondateur de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD), est un ancien proche de Hissène Habré, qui a dirigé le Tchad jusqu’en 1990, avant d’être condamné en 2017 à la perpétuité pour crimes contre l’humanité. Mahamat Nouri a notamment occupé sous son égide le poste du ministre de la défense, puis d’ambassadeur en Arabie saoudite au début des années 2000.

Mahamat Nouri était ensuite entré en rébellion en 2006, rappelle RFI. Il était alors devenu l’un des plus influents chefs rebelles au régime du président tchadien Idriss Déby Itno. En 2008, il avait notamment tenté un putsch pour renverser le chef de l’Etat, qui avait dû se retrancher dans son palais.

Paris avait, à l’époque, apporté un soutien décisif à l’armée, tout en démentant toute participation directe aux combats. Des divergences au sein des rebelles ont été l’une des causes de l’échec de l’offensive, la plus importante contre le régime du président Déby depuis 1990.

Des « opérations de recrutement forcé »

Le deuxième suspect présenté à des juges d’instruction, l’opposant Abakar Tollimi, a, pour sa part, été placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté, dans cette information judiciaire ouverte vendredi. Les deux hommes « sont suspectés d’avoir diligenté des opérations de recrutement forcé de combattants, dont des mineurs, au soutien des groupes rebelles », a précisé une source proche du dossier. Les faits reprochés se sont déroulés entre 2005 et 2010 dans l’est du Tchad et dans la province frontalière soudanaise du Darfour. Ces régions étaient, à l’époque, le théâtre de violences intercommunautaires, d’attaques de milices et de résurgences de la crise politique.

Dans un communiqué, l’association La convention tchadienne de défense des droits de l’homme s’est, quant à elle, dite « profondément atterrée par la vague d’arrestations injustifiées et arbitraires opérées par les autorités françaises dans le milieu de l’opposition en exil ». Le pôle crimes contre l’humanité et crimes de guerre du tribunal de Paris s’était saisi du dossier tchadien en vertu d’une compétence universelle qui l’autorise à poursuivre des suspects de ces crimes les plus graves s’ils passent sur le territoire français.