Deux surveillants ont été légèrement blessés jeudi au centre pénitentiaire du Havre par un détenu condamné pour des faits de terrorisme. L’agression a été requalifiée le lendemain en « tentative d’assassinats terroriste », a annoncé vendredi 21 juin le parquet de Paris. L’enquête avait d’abord été ouverte des chefs de « violences volontaires avec arme et sur personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à huit jours ».

« Les premiers éléments de l’enquête », notamment des témoignages qui laissent supposer une intention homicide et une préméditation, « ont conduit la section antiterroriste du parquet de Paris à requalifier les faits en tentative d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle », a précisé le parquet.

Les faits se sont déroulés jeudi à 7 heures, à l’ouverture de la cellule. Le détenu de 25 ans a frappé les deux agents avec un pied de la table en fer de la cellule. Il avait été condamné en 2017 pour participation à association de malfaiteurs en vue de commettre un acte terroriste. Ecroué en 2015, il était libérable en 2022. Selon les syndicats il a crié à plusieurs reprises « Allah akbar ! ». Selon Force ouvrière (FO), il a aussi utilisé un morceau de miroir.

Gestion délicate des détenus radicalisés

Les deux surveillants agressés sont sortis de l’hôpital dans la journée. Selon Thomas Blothiaux, délégué FO du centre pénitentiaire, « le médecin les a autorisés à reprendre le travail mais la directrice leur a dit que c’était hors de question ». En signe de protestation, leurs collègues n’ont assuré qu’un service minimal. Les détenus ont dû rester dans leurs cellules et n’ont eu ni parloir ni promenade jeudi. « On demande le transfert des détenus radicalisés dans des établissements spécialisés. Nos quartiers ne sont pas adaptés. On n’a aucune formation. Ici, on a 10 radicalisés regroupés dans une aile, mais quand ils vont en activité ou au parloir ils se fondent dans la masse et croisent forcément les 260 autres détenus, ce qui favorise la diffusion de leur message », a déploré M. Blothiaux.

Selon Olivier Duval, délégué Confédération générale du travail au centre de détention du Havre, une surveillante a été blessée au bras et son collègue à l’épaule, à la jambe et au pouce. Le détenu, qui a été rapidement maîtrisé, a été placé en quartier disciplinaire, a fait savoir la direction de l’administration pénitentiaire, qui précise que ce détenu était déjà passé en quartier d’évaluation de la radicalisation. Selon Olivier Duval, le détenu « était plus que suivi » : « On savait qu’il pouvait y avoir des problèmes avec lui à tout moment. C’est l’ébullition [chez les surveillants] dans la prison depuis l’agression. » Dans un communiqué, le syndicat UFAP-UNSA (Union fédérale autonome pénitentiaire-Union nationale des syndicats autonomes) a dénoncé « la gestion calamiteuse » des détenus radicalisés.