L’opposition au Bénin vient de voir s’envoler son symbole. Après deux mois de crise politique et de siège des forces de police autour de son domicile, l’ancien président Boni Yayi a quitté le pays samedi 22 juin pour des raisons de santé, a annoncé Nourénou Atchadé, le porte-parole des Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE). « Son état de santé s’est considérablement dégradé », a-t-il précisé, dans une interview avec Radio France Internationale (RFI), sans préciser où il s’était rendu.

« Effectivement [il est parti] sans s’expliquer devant la justice », a commenté son porte-parole. « Il a dit lui-même que dès que sa santé le permettra, il le fera volontiers. Il ne se soustrait pas à la justice. Il ne se reproche absolument rien. »

Samedi matin, la police républicaine avait déjà annoncé que Cadjehoun (le quartier de Cotonou où se trouve la résidence de Boni Yayi) était « libéré de tout dispositif policier », au terme de négociations entre le président Patrice Talon et les chefs traditionnels ainsi que les cadres de Savè et Tchaourou, ville d’origine de Boni Yayi.

Le tournant autoritaire du chef de l’Etat béninois dénoncé

Des violences, faisant au moins deux morts civils et des dizaines de blessés du côté des forces de l’ordre, ont éclaté à la mi-juin dans ces deux localités, après une première série de manifestations réprimées à balles réelles, les 1er et 2 mai autour du domicile de Boni Yayi à Cotonou.

« Nous voulons ardemment la paix maintenant », avait déclaré vendredi le président béninois, promettant avoir « pris des mesures » pour résoudre cette crise. De nombreux observateurs locaux et internationaux dénoncent le tournant autoritaire du chef de l’Etat béninois dans un pays réputé pour être un exemple démocratique en Afrique de l’Ouest. La grande majorité des opposants au président vivent désormais en exil, craignant des mesures judiciaires à leur encontre s’ils reviennent au Bénin.

Boni Yayi, perçu comme le symbole de l’opposition qui restait dans le pays, avait dénoncé « un coup d’Etat électoral » lors des législatives tenues le 28 avril, où aucun parti de l’opposition n’avait été autorisé à présenter de candidats. Il avait appelé le président Talon à annuler le processus électoral et la population à se soulever.