Griedge Mbock, lors du huitième de finale contre le Brésil, le 23 juin au Havre. / Francisco Seco / AP

Chronique. Sur le plan collectif, ce ne fut pas un grand match côté français. Le fond de jeu brésilien nous était supérieur, mais les Brésiliennes n’ont pas eu, à deux exceptions près, les moyens physiques de passer devant la défense tricolore.

La défense centrale française continue de montrer sa supériorité, même si Wendie Renard a pu sembler parfois en difficulté. Quand une paire se connaît très bien, comme c’est le cas de Renard et Griedge MBock qui jouent ensemble à Lyon, l’une sait très bien compenser les carences éventuelles de l’autre.

Je fais partie des entraîneurs qui pensent, comme l’ancien sélectionneur du Brésil Mario Zagallo, qu’il faut former des paires. Bussaglia-Henry, Renard-MBock, ce sont des duos dans lesquels chacune sait à quel moment et comment prendre le relais de l’autre. C’est une chance pour la France, car c’est très rare dans le football de sélection.

Devant, le fait de mettre Gaëtane Thiney sur le banc a fait disparaître les quelques habitudes de jeu que l’on pouvait voir au sein de l’attaque française. Sans elle, les circuits se sont effondrés. On n’a pas vu de combinaison, et c’est très conforme au style français de manière générale : on compte sur la valeur individuelle des attaquants. Par chance, dans cette équipe de France, cette valeur est très bonne, bien supérieure à ce que l’on voit dans d’autres équipes de cette Coupe du monde.

Kadidiatou Diani a marché sur Viviane Asseyi dans le couloir droit et cela manquait de fluidité dans les 30 derniers mètres. Sur le plan offensif, on ne s’appuie que sur l’exploit individuel ou le nombre de centres que l’on met devant le but.

« On est les meilleurs pour laisser le ballon aux autres »

Malgré tout, il y a des bases solides. Amandine Henry, encore et toujours. Elle a beaucoup pesé sur la rencontre, elle est au-dessus des autres à tous points de vue. Bien sûr, il y a sa supériorité technique et physique, mais c’est son intelligence de jeu, sa capacité à être toujours au bon endroit au bon moment qui entraînent l’équipe de France derrière elle. Elle était largement supérieure aux Brésiliennes stratégiquement parlant.

Ensuite, il y a cette capacité des Françaises à commencer très fort leur deuxième période. Cela a toujours été le cas et c’est un point d’ancrage important. Enfin, je trouve les Bleues très dynamiques, enthousiastes. Elles gèrent très bien le fait de jouer à domicile, elles ont de l’aplomb et de l’épaisseur sur le plan mental. Elles ne se dégonflent pas.

Si l’on rencontre les Américaines, sur un match à élimination directe, une victoire est possible. Si on est capable de faire un bloc-équipe de 11 joueuses qui veulent contrer, on peut créer un exploit de ce type-là. Or, c’est le jeu qu’on a choisi en France depuis vingt ans.

On est les meilleurs pour laisser le ballon aux autres. Nous ne sommes pas une nation de possession du ballon, mais on peut le laisser aux Américaines et les contrer. Ces Bleues aiment avoir beaucoup d’espace et pour aller au bout, c’est là-dessus qu’il faudra s’appuyer. Il faudra accepter, même si on joue à domicile, de laisser l’initiative à l’adversaire.

Jean-Marc Furlan

Jean-Marc Furlan est devenu entraîneur de l’AJ Auxerre (Ligue 2) à l’intersaison, après avoir mené le Stade brestois vers la Ligue 1. Il analyse pour « Le Monde » les matchs de l’équipe de France féminine pendant la Coupe du monde.