La joie des Américaines au coup de sifflet final. / FRANCK FIFE / AFP

Avant même le début du premier match de cette Coupe du monde, la sélectionneuse des Etats-Unis, Jill Ellis, et ses joueuses étaient assaillies de questions sur un éventuel quart de finale entre les Américaines et les Françaises. Inlassablement, elles répétaient « prendre les matchs les uns après les autres », selon la formule consacrée. C’est désormais chose faite. Les Américaines ont en effet éliminé l’Espagne en huitièmes de finale (2-1), lundi 24 juin, à Reims, et retrouveront les Bleues en quart de finale vendredi prochain au Parc des Princes (21 heures) pour ce qui constitue une sorte de finale avant l’heure.

Mais pour la première fois depuis le début de ce Mondial, les Américaines ont été mises en danger et ne se sont pas montrées aussi dominatrices qu’attendu face à une très valeureuse équipe espagnole. De quoi laisser quelques motifs d’espoir à l’équipe de France. Il a fallu deux penaltys transformés par Megan Rapinoe, capitaine d’un soir, pour se sortir du piège tendu par la Roja dans la chaleur étouffante du stade Auguste-Delaune.

« Ces matchs à élimination directe sont tout à fait différents, plus stressants, ils se jouent sur des détails, a confirmé Megan Rapinoe, élue joueuse du match, après la rencontre. Mais nous avons de l’expérience et nous sommes restées compactes, concentrées et avons su saisir notre chance quand il le fallait. » « Ces difficultés peuvent nous renforcer pour les prochains matchs, a de son côté avancé Jill Ellis en conférence de presse. C’est une bonne chose que les joueuses qui n’avaient jamais disputé un Mondial connaissent un match plus compliqué. »

Il faut dire que l’opposition est aussi montée crescendo pour la sélection américaine depuis le début de la compétition. Après la victoire record face à la Thaïlande lors du match d’ouverture (13-0), les Américaines ont battu le Chili (3-0) puis la Suède (2-0). Elle affrontait une équipe d’Espagne totalement décomplexée et qui jouait sans pression après avoir déjà réussi son pari en atteignant les huitièmes de finale. Les Espagnoles disputaient en effet leur deuxième Coupe du monde après celle jouée au Canada en 2015, où elles n’avaient pu se qualifier pour les matchs à élimination directe.

Les Américaines encaissent leur premier but

Mais la Roja a réalisé d’énormes progrès et ne s’était inclinée que 1-0 lors de leur seule opposition face aux Etats-Unis, en match de préparation, en janvier. Treizième nation au classement de la FIFA, les joueuses de Jorge Vilda avaient prouvé qu’elles pouvaient rivaliser avec les meilleures sélections en livrant une prestation convaincante face à l’Allemagne, en match de poules, malgré la défaite 1 à 0. Elles avaient battu l’Afrique du Sud (3-1) pour leur première rencontre dans la compétition, avant d’arracher un match nul face à la Chine (0-0), synonyme de qualification pour les huitièmes de finale.

Pour cette rencontre, Jill Ellis avait décidé de réintégrer dans son onze de départ, au milieu de terrain, Julie Ertz, légèrement blessée lors de la dernière rencontre face à la Suède. Lindsey Horan, qui avait été titulaire lors des trois premiers matchs mais sous la menace d’une suspension en cas de carton jaune, a quant à elle débuté le match sur le banc.

Et, comme à leur habitude, les Américaines n’ont pas traîné pour ouvrir la marque, elles qui ont marqué un but avant la douzième minute à tous leurs matchs depuis le début de la compétition (13e minute face à la Thaïlande, 11e face au Chili, 3e face à la Suède). Cette fois, les « Stars and Stripes » ont attendu la 5minute pour obtenir un penalty suite à une faute indiscutable de Corredera sur Alex Morgan. Megan Rapinoe n’a pas tremblé et a transformé son penalty en prenant la gardienne espagnole à contre-pied (7e).

Une nouvelle controverse avec le VAR

On pensait alors que les Américaines allaient marcher sur leurs adversaires mais les Espagnoles, qui s’étaient déjà procuré une bonne occasion dès la première minute du match, n’ont pas sombré. Au contraire, il ne leur aura fallu attendre que deux minutes et une grossière erreur de la gardienne américaine pour voir Jennifer Hermoso égaliser d’un subtil ballon piqué. Les Américaines, déstabilisées par ce premier but encaissé depuis le début de la compétition, ont ensuite repris le contrôle du match, avec notamment deux occasions de Rapinoe (13e) et Morgan (17e), mais elles se sont heurtées à des Espagnoles très volontaires et surtout prêtes au combat physique.

La deuxième mi-temps est repartie sur des bases sensiblement identiques et les Espagnoles, dont on attendait qu’elles fléchissent après leur débauche d’énergie de la première mi-temps, ont réussi à imprimer le même impact dans les duels. Les Américaines ont bien entendu dominé mais elles ont toujours été à la merci d’un contre espagnol et n’avaient jamais semblé aussi peu sereines depuis le début de la compétition. Elles ont dû s’en remettre à un nouveau penalty, celui-ci controversé, pour ne pas dire inexistant, sifflé puis validé avec l’intermédiaire de la VAR. Megan Rapinoe ne s’est en tout cas pas posé de questions pour transformer son deuxième tir au but de la soirée, celui de la victoire.

Au coup de sifflet final, les Américaines sont restées mesurées dans leurs célébrations. Conscientes d’avoir été mise en grande difficulté alors qu’on ne leur trouvait pas de rivales depuis le début de la compétition. Des huées sont même tombées des tribunes du stade Auguste-Delaune. Suivis par des « Allez les Bleues ». Les joueuses de Corine Diacre, poussives face au Brésil, savent désormais que les Américaines ne sont pas imbattables. Rendez-vous est pris.