Une dizaine de femmes vêtues de burkinis ont mené une action coup de poing, dimanche 23 juin après-midi, dans la piscine Jean-Bron de Grenoble, pour revendiquer le droit de se baigner avec ce maillot de bain couvrant mais interdit, a-t-on appris auprès de la police.

Selon le Dauphiné libéré, sept femmes accompagnées de militants associatifs ont pénétré vers 15 h 30 dans une piscine municipale du centre-ville pour se baigner, en dépit de l’intervention de vigiles et de la direction de l’établissement.

L’opération, pour laquelle les médias locaux avaient été conviés, s’est terminée sans heurts vers 17 heures. France Bleu Isère ajoute que « les agents de la police municipale et nationale ont contrôlé leur identité avant leur retour aux vestiaires. Les contrevenantes au règlement ont été verbalisées ». Elles ont écopé d’une amende de 35 euros.

En mai, des femmes soutenues par cette même association citoyenne avaient déjà conduit une action similaire dans une autre piscine municipale de la ville. Devant la presse, elles avaient justifié cet « acte de désobéissance civile » comme une protestation contre les règlements des piscines, qu’elles jugent discriminatoires. Elles estiment n’enfreindre aucune règle d’hygiène ou de sécurité et expliquent agir « sans aucune conviction religieuse », mais pour défendre la « liberté de toutes les femmes ».

Réactions politiques

Le député LR des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a estimé sur Twitter que le burkini n’avait « pas sa place en France, où la femme est l’égale de l’homme ». « Laisser faire ces activistes islamistes à Grenoble comme partout en France, c’est renoncer à la République. Je ne l’accepterai jamais », a ajouté le président de la commission d’investiture de LR.

« Il ne faut aucun accommodement avec le burkini », a estimé pour sa part, sur Radio Classique, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France – qui a récemment démissionné de LR –, dénonçant « la provocation » des femmes qui ont fait irruption dans une piscine de Grenoble dimanche en portant cette tenue.

Le Rassemblement national a dénoncé dans un communiqué une « provocation islamiste », qui vise « à revendiquer et imposer un communautarisme vestimentaire au même titre qu’est désormais exigée la mise en place d’un communautarisme alimentaire ».

L’affaire n’en reste pas là à Grenoble, relève Le Dauphiné. Un groupe Facebook baptisé Les jours heureux invite les Grenoblois à aller se baigner dimanche 30 juin complètement nus. L’événement est intitulé « Contre l’islam radical, tous à poil pour faire bouger Piolle ! », en référence au maire de Grenoble, accusé d’attentisme et d’inaction.

Le ministère des sports se penche sur la laïcité

Le ministère des sports a diffusé mercredi le guide « Laïcité et gestion du fait religieux dans le sport » pour aider les clubs de sport et leurs dirigeants à répondre à l’irruption de la religion dans le sport. Ce livret, édité par l’Observatoire de la laïcité, explique que « les personnes fréquentant [une piscine municipale] peuvent être considérées comme des usagers du service public vis-à-vis desquels il n’existe pas de législation restrictive quant au port d’une tenue qui s’apparenterait à un motif religieux. En d’autres termes, la manifestation de la liberté de conscience prime tant qu’elle ne trouble pas l’ordre public ». L’interdiction du port du burkini ne peut se fonder que « sur la base de raisons objectives telles que l’hygiène et/ou la sécurité ».