Jonathan Ikoné lors du match de l’Euro Espoirs contre l’Angleterre. / MIGUEL MEDINA / AFP

Mardi 18 juin à Cesena (Italie), lors du premier match de l’Euro de football espoirs, c’est lui qui a remis l’équipe de France dans le sens de la marche. Face aux Anglais menant au score depuis le début de la deuxième mi-temps, son but, inscrit à la 89e minute, avait libéré les Bleuets, qui avaient fini par s’imposer (2-1) sur le fil.

Cette action est à l’image de la saison écoulée de Jonathan Ikoné : le milieu offensif sait désormais se montrer décisif et assumer un rôle de leader. Il l’a plusieurs fois montré avec Lille. Il est en train de le confirmer dans les rangs des espoirs tricolores, avec qui il ne compte que neuf sélections. « Sa saison lilloise l’a complètement transcendé, changé. Je trouve qu’il est devenu très complet », apprécie Sylvain Ripoll, le sélectionneur des Bleuets, qui affrontent, lundi 24 juin, la Roumanie pour une place en demi-finales de l’Euro.

A 21 ans, Jonathan Ikoné revient de loin. Car, avant de réaliser la première saison aboutie de sa jeune carrière avec Lille où il forme, avec Jonathan Bamba et Nicolas Pépé, un trio d’attaque infernal (baptisé le « BIP-BIP »), sa carrière a connu quelques contretemps.

Prétendant au titre de meilleur espoir

Formé au PSG, et considéré au sein du club de la capitale comme un futur crack, il y avait signé son premier contrat professionnel à l’été 2016, malgré plusieurs avances de la Juventus Turin. Mais malgré une bonne présaison (deux buts en quatre rencontres, contre Leicester et le Real Madrid), il ne confirme pas par la suite.

« C’est très positif que ce jeune joueur ait fait un grand travail, une grande performance. Mais après, la compétition c’est autre chose, une saison c’est long », avait prévenu l’entraîneur du PSG de l’époque, Unaï Emery, après la victoire face au Real (3-1). Le coach parisien avait vu juste. Jonathan Ikoné n’a pas su saisir sa chance le peu de fois où Unaï Emery lui a fait confiance. Finalement, le joueur ne disputera que sept matches avec le PSG, dont trois en tant que titulaire.

En manque de temps de jeu, il est donc prêté pendant un an et demi à Montpellier en janvier 2017. Mais l’expérience, là non plus, n’est pas vraiment concluante. Même s’il y apprendra « beaucoup avec Jean-Louis Gasset, dans le placement notamment », comme il le dira dans un entretien à L’Equipe, le 19 juin. Ne souhaitant pas revenir à Paris, le PSG le vend pour 5 millions d’euros au LOSC où il signe un contrat de cinq ans en juillet 2018. « Pourquoi le LOSC ? Déjà parce que j’aurai probablement plus de temps de jeu ici qu’au PSG », déclarait-il lors de sa présentation officielle.

Améliorer la finition

Le choix est payant pour le joueur qui confirme son potentiel sous la houlette de Christophe Galtier. « Au LOSC, je sens qu’on est derrière moi et ça me booste », explique-t-il à L’Equipe. Avec des résultats immédiats puisqu’il a inscrit trois buts et délivré neuf passes décisives cette saison. Il a même fait partie des prétendants au titre de meilleur espoir (joueur de moins de 21 ans) de la saison en Ligue 1, finalement remporté par Kylian Mbappé.

Celui qui s’identifie à Akashi Seijuro, un personnage de manga qui joue au basket-ball et se caractérise par sa vision du jeu et son sens de la passe, sait qu’il lui faut désormais franchir un palier supplémentaire. En marquant notamment plus de buts, à l’instar de ses compères lillois, Nicolas Pépé et Jonathan Bamba : « Eux, ils ne rigolent pas devant le but. Moi la finition, c’est un peu mon défaut. Au LOSC, j’ai fait beaucoup de travail spécifique pour m’améliorer dans ce domaine. »

Au-delà, l’une des ambitions de Jonathan Ikoné est, un jour, de « gagner le Ballon d’Or », cette récompense attribuée au meilleur joueur de football de l’année. C’est ce qu’il avait expliqué, il y a deux ans et demi, au site Goal, évoquant « un rêve qui ne bouge pas et qui ne bougera pas ». Admettant que c’était « encore loin », et qu’il n’avait « encore rien prouvé », il avait ajouté qu’il entendait d’abord « être titulaire dans une équipe qui joue la Ligue des Champions ».

Aujourd’hui, son rêve est à moitié réalisé puisqu’il jouera la prestigieuse coupe européenne avec Lille la saison prochaine. Et, dès à présent, il pourrait décrocher un premier trophée avec l’Euro Espoirs. Pour cela, il faudra d’abord franchir l’obstacle roumain lundi soir pour se qualifier pour les demi-finales. Un match nul suffira.

Un Euro éclair

Ce ne sera que le premier match pour les deux équipes et pourtant, le vainqueur de France - Angleterre, mardi 18 juin, prendra déjà une sérieuse option sur la qualification en phase finale de l’Euro. La compétition, qui ne dure que deux petites semaines, regroupe douze nations. Celles-ci sont partagées en trois poules de quatre équipes. Les premiers de chacun des trois groupes se qualifient, ainsi que le meilleur deuxième parmi les trois poules et jouent directement les demi-finales. Après trois matchs tout peut donc être fini. Et le futur vainqueur de l’Euro n’aura à disputer que cinq matchs pour remporter le titre. Les équipes doivent donc être prêtes d’entrée.