Donald Cerrone, de dos, assène un coup de poing à Tony Ferguson, à Chicago, le 8 juin 2019. Le MMA a pris une dimension mondiale sous l’impulsion de la puissante ligue professionnelle américaine, l’Ultimate Fighting Championship (UFC), rachetée en 2016 pour près de 4 milliards de dollars. / Kamil Krzaczynski / AP

Le ministère des sports a lancé lundi la première étape vers la légalisation du Mixed Martial Arts (MMA, « arts martiaux mixtes ») en France. Après des années de résistance, la France va reconnaître cette discipline qui a longtemps joui d’une image sulfureuse dans l’Hexagone car permettant coups de pied, poing, genou et coude, ainsi que des coups au sol, des étranglements et des clés, tout cela à l’intérieur d’une enceinte fermée (l’octogone).

Dans un Tweet, Roxana Maracineanu, la ministre des sports, a écrit « Au 1er janvier 2020, le MMA existera donc officiellement en tant que pratique sportive professionnelle et amateur en France dans le cadre de défini par [le ministère des sports], en harmonie avec le paysage international de cette discipline ».

Choix de la fédération

Le ministère des sports a lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) auprès des fédérations pour prendre en charge ce sport de combat extrême. Les fédérations intéressées pourront remettre leurs dossiers d’ici le 27 septembre. Ceux-ci seront étudiés par un jury de personnalités qualifiées et indépendantes chargé de donner un avis à la ministre des sports. Entre le 2 et le 6 décembre, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) fera également connaître sa position, avant une décision finale prévue le 31 décembre. La fédération choisie obtiendra à partir du 1er janvier 2020 une délégation pleine et entière pendant deux ans sur les volets amateur et professionnel de ce sport.

Cinq fédérations délégataires sont candidates pour accueillir le MMA : kick boxing et muay thaï, karaté, lutte, judo, boxe française, ainsi qu’une fédération affinitaire : la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT).

« C’est un moment important pour les acteurs du MMA en France et le sport français », a déclaré la ministre des sports, Roxana Maracineanu, au cours d’une conférence de presse organisée à l’occasion du lancement de l’AMI. « Cela faisait de nombreuses années que la France faisait figure d’exception. Il fallait prendre en compte cette réalité pour mieux l’encadrer et l’appréhender. »

Malgré un nombre de pratiquants estimés à 40 000 dans des centaines de clubs, la France était jusqu’ici le dernier grand pays à interdire le MMA sur son sol alors que ce sport a pris une dimension mondiale sous l’impulsion de la puissante ligue professionnelle américaine, l’Ultimate Fighting Championship (UFC), rachetée en 2016 pour près de 4 milliards de dollars.

Comment le MMA a conquis le monde
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L’ancien secrétaire d’Etat aux sports, Thierry Braillard, avait ainsi pris en octobre 2016 un arrêté interdisant clairement toute compétition, malgré un rapport parlementaire prônant une légalisation progressive. Mais, après l’élection d’Emmanuel Macron, l’ancienne ministre des sports Laura Flessel avait amorcé le tournant, dans lequel s’inscrit maintenant Roxana Maracineanu.

Satisfaction des acteurs du MMA

Ce pas décisif vers la légalisation ravit en tout cas les principaux protagonistes du MMA français. « On est enfin écouté et entendu », a estimé Zarah Fairn, la seule Française sous contrat avec l’UFC. « Il s’est passé onze ans avant ce moment et on a pris des coups. La ministre a eu du courage politique, car il y a plus à perdre à accepter le MMA que le contraire », a affirmé de son côté Bertrand Amoussou, président de la Commission française du MMA (CFMMA), qui fait figure de pionnier de ce sport en France.

L’UFC a pour sa part « salué » dans un communiqué le « premier pas d’une reconnaissance officielle du MMA et de son intégration dans l’écosystème sportif français », ajoutant vouloir « suivre de près le déroulé de la consultation en prêtant une attention particulière au respect de l’intégrité du MMA et à la préservation de ses règles par la fédération d’accueil ».