France Télévisions a ouvert le bal des annonces au marché international du film documentaire de La Rochelle, le Sunny Side of the Doc. L’entreprise publique, qui s’est lancée l’an dernier dans une refonte complète de son organisation, a présenté lundi 24 juin son offre documentaire. « Ça fait six mois maintenant que notre unité documentaire commune est née pour le groupe, explique Catherine Alvaresse, la directrice des documentaires pour France Télévisions. Notre objectif principal était de redéployer l’offre documentaire sur les antennes complémentaires et puis de développer une offre numérique, destinée à notre plateforme France.tv. »

Et pour établir cette offre, France Télévisions s’est tourné, l’automne dernier, vers ses téléspectateurs. Sur une plateforme web, intitulée « ma télé & ma radio demain », et en partenariat avec Ipsos, le groupe public a sondé plus de 127 000 téléspectateurs. « Ils souhaitent une télévision publique qui s’engage, une télévision qui informe et instruit, proche, divertissante », résume Nathalie Darrigrand, la directrice des programmes du groupe. En conséquence, France Télévisions a repensé son offre documentaire autour de cinq thématiques : l’environnement, thème mis en avant par les moins de 35 ans ; la culture et l’histoire ; le décryptage de faits de société ; proximité et diversité ; et enfin humour.

Sujets concernants sur formats courts

La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, qui sera candidate à sa propre succession en 2020, ambitionne de faire de France.tv la première offre du groupe et le premier média numérique gratuit. Le groupe s’est félicité du « succès » qu’a connu le premier appel à projets sur et pour la plateforme, sur le thème « climat : un tournant décisif ». Plus de 130 projets ont été reçus. Plusieurs seront sélectionnés d’ici le 1er août pour un développement sur France.tv. Sexualité (« Clit Revolution » d’Elvire Duvelle-Charles et Sarah Constanti), environnement ou encore identité numérique, l’offre documentaire de la plateforme abordera des sujets concernants sur des formats feuilletonnés et courts.

Sur ses antennes, France Télévisions compte bien faire l’événement avec plusieurs documentaires susceptibles de nourrir le débat public. « Nous développons avec force des films qui parlent sans tabou et avec rigueur de l’environnement, le défi de notre siècle, insiste Nathalie Darrigrand. Qu’il s’agisse du combat super local ou de la cause globale, ces films nous engagent. » Ainsi, une nouvelle série d’enquêtes, Green Blood sur France 5, suivra le travail des journalistes de Forbidden Stories, réseau de quarante journalistes qui reprend les investigations de confrères assassinés alors qu’ils enquêtaient sur des scandales environnementaux. Au menu également, une deuxième saison pour la série d’investigation environnementale Vert de rage.

Un autre documentaire doit faire l’« événement » pour le groupe : « Notre Dame de Paris : l’épreuve des siècles », qui reviendra en animation 3D sur huit siècles de l’histoire de l’édification du monument jusqu’au spectaculaire incendie qui a ravagé sa toiture le 15 avril dernier.

Enfin, pour faire face à la féroce concurrence des services de vidéo à la demande (Netflix, Amazon Prime ou OCS), qui proposent et produisent parfois eux aussi des documentaires originaux, France Télévisions a décidé « qu’il était temps de s’allier pour co-créer ». Sous la houlette de Caroline Behar, directrice déléguée du pôle Coproductions internationale et Achats (CIA), le groupe va lancer prochainement « Global Doc », un réseau pour initier, développer et diffuser, avec des chaînes et des producteurs de télévision étrangers, des projets communs de documentaires. Une dizaine de projets sont en cours de production dont par exemple Lady Sapiens, un documentaire qui ambitionne de faire tomber quelques idées reçues sur les femmes préhistoriques à l’aide d’images « très rigoureuses d’un point de vue scientifiques » réalisées par l’éditeur de jeu vidéo français Ubisoft.