Le thermomètre frôle les 40 degrés à Montauban, la chaleur met à rude épreuve les sans-abri, quelque 60 personnes errent ainsi dans les rues à la recherche d’eau et d’un peu d’ombre.

Pourtant une salle fraîche avec des douches, des toilettes, des repas est prête à les accueillir mais il lui manque une autorisation pour ouvrir ses portes. « C’est une situation ubuesque qui dure depuis plus d’un mois. Six salariés payés par l’Etat appuyés par une quarantaine de bénévoles attendent le feu vert de la mairie qui refuse de délivrer l’autorisation d’ouverture », s’agace le directeur du centre, Marc Pontier.

« Gâchis d’argent public »

Cet accueil de jour a été créé en novembre 2018 par onze associations (Emmaüs, le Secours catholique, la Cimade, l’Entraide protestante, Pas sans toit, l’association Montalbanaise d’aide aux réfugiés, la Pastorale des migrants…) à la demande de l’Etat qui le finance (pour 200 000 euros par an) avec la Fondation Abbé Pierre. Il a fonctionné pendant cinq mois dans un premier lieu en centre-ville tournant à plein régime. « On y a accueilli des personnes isolées ou âgées, des familles avec des jeunes enfants, un public varié, en tout 500 personnes soit 120 par jour et servi 80 repas quotidiens, ce qui démontre l’utilité d’un tel centre. C’est un gâchis d’argent public », peste M. Pontier. Mais impossible d’ouvrir le nouveau local plus vaste. La maire de la ville Brigitte Barèges (LR) fait obstruction en refusant la visite de sécurité des pompiers et l’autorisation d’ouverture.

Connue pour ses positions hostiles à l’immigration, l’élue ne veut pas de cette structure qu’elle préférerait voir ailleurs, tout comme la plate-forme des demandeurs d’asile ouverte en 2018. Lors de la venue d’Emmanuel Macron à Souillac (Lot) le 18 janvier, Mme Barège s’était illustrée par ses propos détonants. « Les cahiers de doléances des “gilets jaunes” nous disent qu’il faut arrêter l’immigration massive. (…) Ces oubliés de la République, les “gilets jaunes”, eux, n’ont pas d’ONG pour les défendre. »

Pour le préfet du Tarn-et-Garonne, Pierre Besnard, « la décision de la maire de refuser la visite de sécurité des pompiers et l’autorisation d’ouverture n’a pas de base légale ». Il vient de saisir en référé le tribunal administratif. Le préfet a aussi déclenché le plan canicule niveau 3 et compte réquisitionner ces locaux : « Après le contrôle de sécurité, on pourra mettre à l’abri les personnes à la rue et les protéger de la chaleur. »

Contactée la maire de Montauban n’a pas souhaité répondre à nos questions.