C’est un tableau en demi-teinte qui se dessine à la lecture du dernier sondage de l’IFOP consacré à l’acceptation de l’homosexualité et de l’homoparentalité, rendu public mercredi 26 juin. Réalisé pour la Fondation Jasmin-Roy-Sophie-Desmarais et la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), il s’appuie principalement sur les réponses d’un échantillon représentatif de la population de 3 013 personnes à un questionnaire en ligne, adressé du 29 mai au 3 juin. Mais certains enseignements sont tirés d’enquêtes précédentes, réalisées spécifiquement auprès des personnes LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) ou à des périodes antérieures.

Il en ressort que les Français témoignent, sur le long terme, d’une plus grande tolérance vis-à-vis de l’homosexualité. 85 % des Français considèrent ainsi que c’est « une manière acceptable de vivre sa vie », contre 24 % en 1975.

L’évolution des mentalités concerne aussi l’homoparentalité. Alors que l’extension des techniques de procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes sera prochainement débattue à l’Assemblée nationale, les familles fondées par des couples homosexuels sont de mieux en mieux acceptées.

Pour plus de huit Français sur dix (83 %), un couple homosexuel est capable d’assurer son rôle de parent aussi bien qu’un couple hétérosexuel, en hausse de 16 points par rapport à 2005. 72 % des personnes interrogées estiment qu’un enfant peut se développer aussi bien avec des parents homosexuels qu’avec des parents hétérosexuels, « du moment qu’il reçoit amour et attention » de la part de ces derniers.

A cet égard, « les lois sur le PACS et en faveur du mariage pour tous ont fait évoluer les représentations et contribué à une certaine reconnaissance des couples et familles homoparentales », analyse François Kraus, directeur du pôle Genre, sexualités et santé sexuelle de l’IFOP. Laquelle s’illustre d’ailleurs dans le mot d’ordre « Filiation, PMA : marre des lois a minima », choisi cette année par les organisateurs de la Marche des fiertés parisienne, samedi 29 juin.

72 % accepteraient bien un enfant homosexuel

Désormais, seuls 8 % des Français jugent que l’homosexualité est « une maladie que l’on doit guérir ». Ils étaient 42 % en 1975. Certaines catégories de population se distinguent cependant par une plus forte adhésion que les autres à la présentation de l’homosexualité comme une maladie ou une « perversion sexuelle », relève l’étude. Il s’agit de celles caractérisées par un faible niveau socioculturel (22 % chez les personnes sans diplôme), un niveau social inférieur à la moyenne (23 % chez les personnes ayant un revenu inférieur à 800 euros, 21 % chez les habitants des banlieues populaires) ou par un plus fort respect des préceptes religieux, comme peuvent l’être par exemple les musulmans (63 %) ou les catholiques pratiquants (20 %).

Signe supplémentaire de cette normalisation, 72 % des Français affirment qu’ils accepteraient bien que leur enfant soit homosexuel. Mais là encore, ceux témoignant d’une pratique religieuse régulière se distinguent, avec un taux d’acceptation qui tombe à 43 % chez ceux qui fréquentent un lieu de culte chaque semaine.

« Même si le mouvement général est celui d’une plus grande tolérance, il demeure des poches d’homophobie et d’hétérosexisme dans certains pans de la société, relève François Kraus. On n’est pas encore dans une normalisation intégrale et dans certains milieux, les homosexuels, s’ils sont tolérés, restent encore soumis à des injonctions d’invisibilité et renvoyés à une place subordonnée. »

Bien que les manifestations d’intolérance aient globalement diminué dans l’espace public au cours des vingt dernières années, le droit à l’indifférence n’est pas encore acquis. En témoigne la hausse des infractions à caractère homophobe en 2018, et en particulier l’augmentation des violences physiques, récemment signalée par le ministère de l’intérieur. D’ailleurs, pour un Français sur dix, « les violences contre les homosexuels sont parfois compréhensibles », indique le sondage IFOP.

Plus généralement, 71 % des personnes interrogées adhèrent à au moins une idée LGBTphobe. Par exemple, pour un Français sur cinq, « certaines professions où l’on est en contact permanent avec des enfants devraient être interdites aux homosexuels ».