Manifestation contre le pouvoir à Alger, le 21 juin 2019. / Ramzi Boudina / REUTERS

Une présidentielle organisée dans le contexte actuel en Algérie, où continue de diriger l’appareil hérité du président déchu Abdelaziz Bouteflika, ne servira qu’à la « régénération » du « système » politique dont veut se débarrasser le mouvement de contestation, ont estimé mercredi 26 juin plusieurs partis.

Le mouvement de contestation inédit qui agite l’Algérie depuis le 22 février a eu raison du président Bouteflika, démissionnaire le 2 avril après vingt ans au pouvoir, mais continue de réclamer, avant toute élection d’un successeur, le départ de tous ses anciens fidèles encore aux commandes et le remplacement de l’ancien appareil par des institutions de transition.

Face à la contestation, « le pouvoir multiplie les manœuvres dans l’unique espoir de mettre en échec cette déferlante citoyenne et d’empêcher toute alternative politique crédible », estiment plusieurs petits partis de l’opposition, dans un « pacte politique pour une véritable transition démocratique », reçu par l’AFP.

« Aujourd’hui, le pouvoir réel est assumé et exercé entièrement par l’état-major de l’armée », rappellent ces partis, parmi lesquels le Front des forces socialistes (FFS, doyen de l’opposition en Algérie, 14 députés sur 462), le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, parti laïc issu du Mouvement culturel berbère, 9 députés) et le Parti des travailleurs (PT, extrême gauche, 11 députés).

Pour une « alternative démocratique »

Ont également adhéré à ce « pacte » plusieurs autres petits partis et la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), tous étant récemment signataires d’un appel à l’union pour une « alternative démocratique » lancé à l’opposition, aux syndicats et associations.

Dans ce pacte, ils énumèrent des préalables à toute négociation avec le pouvoir, notamment la libération des « détenus politiques et d’opinion » et la « libération du champ politique et médiatique ». Ils réclament également « l’organisation d’une période de transition » permettant « l’expression d’une véritable souveraineté du peuple et l’édification d’un Etat de droit démocratique fondé » notamment sur « l’indépendance de la justice, la séparation et l’équilibre des pouvoirs, la non-utilisation de la religion […] à des fins politiques, l’égalité des droits entre les hommes et les femmes ».

L’annulation, faute de candidats, de la présidentielle prévue le 4 juillet pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika a placé dans une situation délicate le pouvoir qui refuse toute transition. La Constitution prévoit que le président par intérim, Abdelkader Bensalah, rende le pouvoir à un nouveau président d’ici le 9 juillet, un délai trop court pour organiser un nouveau scrutin.