La mairie socialiste de Saint-Nazaire était secouée par une grave crise, vendredi 28 juin. Trois adjointes au maire ont démissionné à la suite des accusations de violences sexuelles contre un autre élu — une affaire que le parquet a classée sans suite. Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a annoncé l’envoi d’une délégation, composée notamment de l’ancienne ministre aux droits des femmes Laurence Rossignol, afin « de recueillir tous les témoignages des protagonistes et de leur apporter le soutien nécessaire, sans se substituer à la justice ».

La procureure de la République de Saint-Nazaire, Sylvie Canovas-Lagarde, avait ouvert une enquête du chef de viol pour des faits commis en 2014 et révélés en juin par le « courrier d’une élue », a-t-elle annoncé vendredi. La victime présumée, Gaëlle Betlamini, qui a quitté le conseil municipal mercredi, se disant « blessée, meurtrie par la violence déchaînée, les mensonges », n’a pas porté plainte.

En mai, l’adjoint aux finances, Martin Arnout, visé par les accusations de violences sexuelles, avait, lui, déposé plainte pour diffamation à l’encontre de Laurianne Deniaud, première adjointe de Saint-Nazaire et ancienne présidente du Mouvement des jeunes socialistes (MJS).

La procureure a annoncé vendredi qu’elle classait les deux affaires sans suite, les investigations n’ayant notamment pas permis « de caractériser les éléments constitutifs du viol ». M. Arnout a dit prendre acte « avec satisfaction » de cette décision et réfléchir aux suites à donner à sa plainte en diffamation.

Les trois adjointes PS qui ont démissionné de leurs fonctions, Gaëlle Bénizé-Thual, Laurianne Deniaud et Régine Le Bail, ont, elles, dénoncé la « violente campagne de dénigrement et d’intimidation » dont elles ont fait l’objet ces dernières semaines.

Climat sexiste

Dans un communiqué, elles affirment avoir alerté le maire (PS), David Samzun, au printemps 2018 de « l’existence de confidences relatives à des faits pouvant, s’ils étaient avérés, être qualifiés de viol, subi par une élue », d’« inquiétudes graves concernant d’autres situations » et d’un « climat oppressant de sexisme quotidien » à la mairie.

« Depuis bientôt quatorze mois, aucune réponse à la hauteur de la situation sur ces trois alertes n’a encore été apportée. Les femmes qui ont porté cette parole ont été discréditées et mises au ban de la majorité », estiment-elles.

M. Samzun a dénoncé, dans un communiqué, « une stratégie médiatique consistant à déporter le débat d’une affaire privée vers un opprobre lancé sur l’ensemble de la collectivité ». Il a ajouté qu’il refuserait de participer à l’« enquête parallèle » du PS.