Comment la clim a changé la face du monde
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Au cinquième jour d’une canicule exceptionnelle, le record absolu de chaleur mesuré en France a été battu, vendredi 28 juin, quand le thermomètre a affiché 44,3°C à Carpentras, dans le Vaucluse, un des départements en alerte maximale.

« C’est historique », a commenté le prévisionniste Etienne Kapikian, notant qu’il pourrait être à nouveau battu d’ici la fin de la journée. Le précédent datait du 12 août 2003, avec 44,1° à Saint-Christol-lès-Alès et Conqueyrac, dans le Gard.

Entre urgences mobilisées, écoles fermées et circulation limitée, le Sud-Est s’était préparé à faire face à des températures. La chaleur a toutefois poussé les habitants à repenser leur journée. « Les gens sont sortis extrêmement tôt ce matin pour rentrer avant midi », raconte une commerçante de Carpentras.

A Montpellier, avant même 8 heures, des personnes âgées rasaient déjà les murs en direction d’une des supérettes du quartier Beaux-Arts : « J’y vais à l’ouverture, le soleil brûle déjà et on sent la pollution », explique Suzette Allègre, 81 ans, marchant avec peine, son filet de courses à la main. « Ensuite, je vais rentrer et me barricader chez moi, fenêtres et volets fermés avec le ventilateur », dit cette « fille du Sud » qui a « toujours bien supporté la chaleur » mais redoute « cette canicule de fin du monde ». « Le climat va changer et ça ne s’améliorera pas, il faut vraiment commencer à anticiper », prévient le maire de Carpentras Serge Andrieu.

Conséquence de cette vague de chaleur exceptionnelle qui a poussé Météo-France à placer Hérault, Gard, Vaucluse et Bouches-du-Rhône en vigilance rouge, et 76 autres départements en vigilance orange, il faisait déjà 34°C à 10 heures à Sète ou 35°C à Nîmes.

Dans ces départements, les préfectures et les rectorats ont conseillé aux parents de garder leurs enfants à la maison. Vendredi, 4 000 écoles étaient fermées ou prévoyaient un accueil adapté sur l’ensemble du territoire selon Matignon. Les sorties scolaires et les événements festifs étaient également annulés ou reportés.

Carte de vigilance canicule de Météo France, le 28 juin 2019. / Météo France

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Augmentation des noyades

Le premier ministre s’est alarmé d’une augmentation sensible des noyades depuis le début de la semaine, « une par jour ». Le chef du gouvernement, qui s’exprimait lors d’une visite au centre opérationnel des urgences sanitaires au ministère de la santé, a aussi appelé à la « responsabilité » des automobilistes en ce début de week-end, rappelant que la circulation n’était pas « totalement sans risque ». La ministre des transports Elisabeth Borne a appelé ceux qui le peuvent à « décaler leurs déplacements ».

Christophe Prudhomme, urgentiste et délégué CGT, s’attend à un week-end « très difficile à gérer » pour les urgences hospitalières. Lors d’un point téléphonique avec le premier ministre vendredi, le directeur général de l’ARS PACA a déjà signalé « une augmentation assez nette de la fréquentation des services d’urgence » dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, sans que cela ne soit « préoccupant » à ce stade.

Samedi, si les températures doivent baisser un peu dans le Sud-Est, ce sera la journée la plus chaude de l’Auvergne au Centre (maximales comprises entre 38 et 40°C) et dans la région parisienne avec 37 à 39 °C. Sur une large partie du pays, cette canicule s’accompagne d’une pollution à l’ozone souvent persistante, irritante pour les poumons. La circulation différenciée sera ainsi maintenue vendredi dans la capitale, à Lyon et à Marseille.

Avec le réchauffement climatique, les scientifiques anticipent des vagues de chaleur deux à trois fois plus nombreuses d’ici au milieu du siècle.