Ils partiront chacun de leur côté. Selon les informations du Monde, La République en marche (LRM) et son allié du MoDem auront chacun leur candidat à Bordeaux, lors des élections municipales de mars 2020. D’après plusieurs sources au sein des deux états-majors, le parti présidentiel et la formation centriste ont « acté » leurs divergences stratégiques au sujet de la cité girondine : LRM a prévu de désigner, lundi 1er juillet, lors de sa deuxième vague d’investitures, le délégué interministériel à la transformation publique, Thomas Cazenave, pour qu’il représente le camp macroniste dès le premier tour. Soutenu par la direction et la plupart des élus LRM, ce proche d’Emmanuel Macron fait également l’unanimité auprès des militants locaux.

Un choix contesté par le parti centriste qui a l’intention, de son côté, de soutenir la candidature du maire Les Républicains (LR) sortant, Nicolas Florian. Lequel a succédé en mars à Alain Juppé, parti au Conseil constitutionnel. Le choix de la continuité pour le MoDem, qui appartient à la majorité municipale et compte comme premier adjoint Fabien Robert, issu de ses rangs.

Florian favori dans les sondages

Nicolas Florian, proche de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, fait pour l’instant figure de favori pour l’emporter. Un sondage IFOP, réalisé en mai, le donne en tête avec 45 % d’intentions de vote, suivi à 14 % par Pierre Hurmic, élu d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), contre seulement 8 % pour M. Cazenave. Mais les macronistes estiment que leur candidat peut grimper dans les intentions de vote, en captant les voix de centre gauche et des écologistes.

Le successeur d’Alain Juppé est mal perçu au sein de la Macronie, où on lui reproche de ne « pas avoir manifesté de volonté de travailler » avec LRM, ainsi que son positionnement. « Une alliance avec lui nous aurait trop déportés à droite et cela nous aurait empêchés tout dialogue avec le centre gauche », analyse un dirigeant macroniste.

Cette division locale des deux principales forces de la majorité au niveau national est le symbole de leurs difficultés pour accorder leurs violons dans le choix des candidats. Si dans la plupart des villes, LRM et le MoDem auront une tête de liste commune, des désaccords persistent dans certaines d’entre elles. C’est notamment le cas à Dijon (Côte-d’Or) ou Saint-Etienne (Loire), où LRM entend conquérir la ville, tandis que le parti centriste compte conserver son alliance avec des maires sortants, qu’ils soient socialistes ou LR. Ces divisions locales laissent planer le risque d’affrontements LRM-MoDem dans certaines villes.

Un risque assumé des deux côtés. « On est d’accord quasiment partout mais dans certains endroits, on ne racontera pas une histoire commune », observe un dirigeant de LRM. « Nous cherchons des points d’accord partout où cela est possible. Lorsque notre histoire locale ou des ambitions divergentes empêcheront un accord, nous veillerons à ce que les concurrences s’opèrent dans des conditions respectueuses », affirme de son côté le patron des députés MoDem, Patrick Mignola.

La cité girondine cristallise les tensions et suscite une intense lutte d’influences au sein de la majorité depuis plusieurs semaines. Avec François Bayrou en première ligne, en coulisses, pour défendre une alliance avec M. Florian. Au point que la ville, qui devait figurer dans la première vague d’investitures présentée par LRM, avait été retirée au dernier moment. Après avoir présenté ses 19 premières têtes de liste le 17 juin, le parti présidentiel a prévu de dévoiler sa deuxième vague d’investitures, lundi, qui comprendra entre vingt et trente villes, dont Bordeaux et Clermont-Ferrand.