La traditionnelle photo de famille du  G20, à Osaka, le 28 juin 2019. / LUDOVIC MARIN / AFP

La rencontre du G20 s’est ouverte vendredi 28 juin à Osaka (Japon) par un premier face-à-face entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Sourire aux lèvres, le président américain a salué la « très, très bonne relation » qu’il entretenait avec son homologue russe, ironisant même sur les craintes de tentative d’ingérence russe autour des prochaines élections présidentielles américaines, en 2020. « Pas d’ingérence dans les élections, président, pas d’ingérence ! », a-t-il lancé en se tournant vers M. Poutine, après avoir été interpellé sur ce sujet par un journaliste. Le président russe est resté silencieux et souriant.

Il s’agit de leur première rencontre depuis la publication de l’enquête du procureur indépendant Robert Mueller sur l’ingérence russe dans la campagne présidentielle américaine de 2016. La Maison-Blanche a fait savoir que les deux dirigeants avaient convenu de parler d’un « modèle de maîtrise des armements pour le XXIe siècle », qui, selon M. Trump, doit inclure la Chine. Sera également évoqué la situation en Iran, en Syrie, au Venezuela et en Ukraine : quatre sujets sur lesquels s’opposent les deux pays. M. Trump a assuré que « beaucoup de choses positives [allaient] ressortir de cette rencontre ».

Déclarations conciliantes

C’est avec un Donald Trump cordial qu’a débuté cette rencontre entre les principaux leaders mondiaux dans la grande ville côtière japonaise, mais pour l’heure sans réel progrès sur les dossiers les plus conflictuels. Le premier ministre nippon, Shinzo Abe, a voulu introduire une note harmonieuse à l’ouverture des débats qui auront lieu vendredi et samedi en déclarant : « Ensemble, j’espère que nous réaliserons à Osaka une belle harmonie. » Il a également appelé à « trouver un terrain commun plutôt que de souligner les affrontements ».

Donald Trump a semblé jouer le jeu, multipliant les amabilités et déclarations conciliantes, alors qu’il en avait étrillé certains ces derniers jours. Il a, par exemple, vanté les « magnifiques usines » construites par les constructeurs automobiles japonais aux Etats-Unis, après s’être moqué publiquement de la dépendance militaire du Japon envers les Etats-Unis.

Il a aussi dit vouloir « bien s’entendre » avec l’Inde, dont il critique pourtant la politique commerciale. Sur l’Iran, l’un des grands sujets de crispation du moment, M. Trump s’est également voulu apaisant : « Nous avons le temps » de résoudre les tensions, a-t-il dit, lui qui parlait encore il y a peu de « guerre » contre les Iraniens. Il a, par ailleurs, qualifié Angela Merkel de « femme fantastique », lui qui avait parlé de partenaire « défaillant » à propos de l’Allemagne tout récemment.

Montée des populismes

La chancelière, en fin de carrière politique, symbolise peut-être plus que tout autre dirigeant la volonté de coopération qui avait conduit les leaders du G20 à se réunir pour la première fois en 2008, en pleine crise financière. La montée des populismes a mis à mal cette ambition de gouvernance mondiale, en particulier sur le commerce et le climat.

Loin de tout format multilatéral, Donald Trump et le président chinois Xi Jinping tenteront d’enrayer l’escalade commerciale et technologique entre leurs pays, qui met en péril la croissance mondiale. Washington menace de taxer la totalité des importations chinoises, ce qui serait certainement un point de non-retour entre les deux géants. La Chine dénonce, elle, un « harcèlement » américain.

Autre sujet de tension : le climat. Les Etats-Unis ne veulent plus entendre parler de l’accord de Paris, et certains dirigeants comme le Brésilien Jair Bolsonaro rejettent toute critique occidentale sur leur politique environnementale. « Il est clair qu’il sera difficile d’obtenir une percée » sur ce thème, a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Les chefs d’Etat et de gouvernement ont également des divergences profondes sur la forme même que doit prendre l’action politique à l’ère de la mondialisation. Dans un entretien au Financial Times publié vendredi, Vladimir Poutine a critiqué les idées progressistes des démocraties occidentales. Cette idée de progressisme est « devenue obsolète et est en conflit avec les intérêts de l’immense majorité de la population », a-t-il jugé. Ce sont « l’autoritarisme, le culte de la personnalité et la loi des oligarques qui sont réellement obsolètes », a rétorqué le président du Conseil européen, Donald Tusk.