Via son moyen de communication préférée, Twitter, Donald Trump avait donné rendez-vous dimanche 30 juin à Kim Jong-un pour un « bonjour » et une « poignée de main » hautement symbolique à la frontière entre les deux Corées. Quelques heures avant cet événement, à 13 h 15 locales (6 h 15 à Paris), le numéro un nord-coréen a répondu favorablement à cette invitation impromptue, a annoncé Séoul.

Arrivé samedi soir en Corée du Sud, le président américain doit se rendre en début d’après-midi à Panmunjom, seul lieu de contact sur la zone démilitarisée (DMZ), le no man’s land qui sépare les deux Etats depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953).

Le suspense était à son comble dans la matinée. «[Kim Jong-un] en a très envie », avait ainsi assuré Donald Trump dimanche matin lors d’un discours à Séoul, sans préciser si le dirigeant nord-coréen avait ou non accepté l’invitation. Cela n’avait pas empêché les spéculations ; alimentées en partie par une agence de voyages qui annonçait que la DMZ était fermée aux touristes côté nord pour la journée.

Cette rencontre est la troisième entre les deux hommes depuis leur sommet historique de Singapour en juin 2018, puis le rendez-vous raté de Hanoï en février. Un nouveau moment clé du rapprochement entre les deux ennemis pourrait arriver si Donald Trump s’aventurait à effectuer quelques pas au Nord : jamais un président des Etats-Unis en exercice n’a foulé le territoire.

Une « incitation économique » américaine possible

Moon Jae-in et Kim Jong-un s’étaient rencontrés à Panmunjom, sur la DMZ, le 27 avril  2018. / HO / REUTERS

Kim Jong-un lui-même avait traversé la frontière, en avril 2018, lors de son premier sommet sur la DMZ avec son homologue sud-coréen, Moon Jae-in. « Je serais très à l’aise de le faire, cela ne me poserait aucun problème », a affirmé le locataire de la Maison Blanche, samedi. Moon Jae-in, qui compte beaucoup sur une détente avec le voisin du Nord, s’est félicité que « la fleur de la paix se soit entièrement épanouie sur la péninsule coréenne ».

De l’avis des experts, cette rencontre ne devrait pas suffire à résoudre le délicat dossier de la dénucléarisation de la Corée du Nord, sur lequel achoppe le rapprochement avec Washington. L’administration américaine exige que Pyongyang renonce définitivement à son programme nucléaire avant d’envisager une levée des sanctions internationales, ce que le Nord refuse.

Selon Harry J. Kazianis, spécialiste de la Corée au Center for the National Interest, un centre de réflexion washingtonien, Donald Trump pourrait toutefois mettre à profit sa visite dans la péninsule pour offrir de « suspendre » une partie des sanctions onusiennes, en échange du démantèlement total de Yongbyon, le principal centre d’essais nucléaires du Nord.

« Une telle formulation donnerait à Pyongyang l’incitation économique dont il a besoin pour ranimer son économie, tout en donnant à Trump une grande victoire diplomatique au moment où les tensions montent dans le monde entier, que ce soit avec les alliés ou les ennemis des Etats-Unis », observe-t-il.