Peut-on encore se moquer de Donald Trump ? Après dix-sept ans de collaboration avec le groupe de presse canadien Brunswick News, Michael de Adder a été congédié après avoir diffusé un dessin devenu viral sur les réseaux sociaux, montrant Donald Trump jouant au golf face aux cadavres d’un migrant et sa fille noyés dans le Rio Grande, en référence à la photo devenue iconique des migrants salvadoriens Alberto Martinez et sa fille Angie Valeria, morts en tentant de traverser le fleuve qui les séparait des Etats-Unis.

« Au cours des deux dernières semaines, j’ai fait trois dessins de Trump. Deux sont devenus viraux et le troisième encore plus, et un jour plus tard, j’ai été lâché […]. Du jour au lendemain, c’était comme si je n’avais jamais travaillé pour le journal. Tirez-en vos propres conclusions. », a écrit M. de Adder sur Twitter.

L’Association des caricaturistes canadiens a pris sa défense, rappelant que le dessinateur néo-brunswickois avait été remercié 24 heures après avoir fait ce dessin. « Même s’il n’y avait pas de raison donnée pour le licenciement, ce n’est pas un hasard », a déclaré Wes Tyrell, son président.

Le groupe Brunswick News Inc. a toutefois assuré dimanche dans un communiqué que la décision de ne plus faire appel à lui n’était pas liée à ce dessin. « Il s’agit d’un faux récit qui a émergé avec imprudence sur les réseaux sociaux », soutient la compagnie. Elle ajoute que la décision de faire appel à un autre caricaturiste, Greg Perry, « a été prise bien avant ce dessin et les négociations ont duré plusieurs semaines ».

Fin des dessins politiques au « New York Times »

Cette passe d’armes intervient dans un contexte tendu après la décision du New York Times, le 10 juin, de ne plus publier des dessins politiques dans son édition internationale après la polémique soulevée par un dessin de Patrick Chappatte, l’un des dessinateurs vedette du journal. Le chef du gouvernement israélien, Benyamin Nétanyahou, était dessiné sous la forme d’un chien guide, portant un collier avec une étoile de David, et tenu en laisse par le président américain, Donald Trump, aveugle, avec une kippa sur la tête. Sa publication avait déclenché un tollé au sein de la communauté juive et au-delà. Le quotidien avait d’abord présenté des excuses, avant de prendre cette mesure.

« Ces dernières années, certains des meilleurs dessinateurs de presse aux Etats-Unis (…) ont perdu leur travail parce que leurs éditeurs les trouvaient trop critiques envers [Donald] Trump, a réagi Patrick Chappatte. Peut-être devrions-nous commencer à nous inquiéter ? Et nous rebeller. Les dessinateurs de presse sont nés avec la démocratie et lorsque les libertés sont menacées, ils le sont aussi. »

Le caricaturiste Michael de Adder a quant à lui souligné qu’il continuerait à créer des caricatures pour d’autres publications à l’avenir, mais il s’est dit blessé d’être coupé du marché au Nouveau-Brunswick.