Viviane Lambert devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, à Genève, le 1er juillet 2019. / FABRICE COFFRINI / AFP

La mère du Vincent Lambert, en état végétatif depuis 2008, a pris la parole, lundi 1er juillet, devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, à Genève, pour lancer « un appel au secours », trois jours après que la Cour de cassation a autorisé un nouvel arrêt des traitements. « Je vous adresse aujourd’hui un appel au secours. Sans votre intervention, mon fils Vincent Lambert sera euthanasié par un médecin en raison de son handicap cérébral », a déclaré Viviane Lambert. « Il est en état de conscience minimale, mais il n’est pas un légume », a-t-elle ajouté.

Quelques heures plus tôt, elle s’était déjà exprimée lors d’une table ronde organisée par une organisation non gouvernementale (ONG) établie à Strasbourg, le Centre européen pour le droit et la justice. « Je crie tout haut que, Vincent, on veut l’assassiner », avait-elle dit, avec des sanglots dans la voix, devant une quinzaine de personnes dont une poignée de journalistes.

La plus haute juridiction judiciaire française a cassé vendredi la décision de la cour d’appel de Paris qui avait ordonné le 20 mai la reprise de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert, comme l’a demandé le Comité des droits des personnes handicapées (CDPH) des Nations unies en attendant qu’il se prononce sur le fond du dossier.

Interrogé lors d’un direct sur Facebook où il répondait à des questions d’internautes, le premier ministre français, Edouard Philippe, a affirmé : « On voit bien que, dans le cas de M. Lambert, on a une situation qui est, sur le plan des soins, sans issue. En tout cas, c’est ce que disent les médecins. (…) Il faut respecter ce que disent les médecins et ce que dit la loi. »

Médiation par une institution internationale

Au sein d’une famille déchirée par des années d’une tragique bataille judiciaire, l’épouse et six frères et sœurs de M. Lambert, 42 ans, tétraplégique depuis un accident de la route, demandent l’arrêt de son alimentation et de son hydratation. Les parents, soutenus par un frère et une sœur, s’y opposent.

Dans cette affaire qui ne cesse de rebondir devant la justice française, le CDPH, saisi par les parents, a demandé le 4 mai à la France de suspendre toute décision d’arrêt des soins le temps qu’il puisse examiner le dossier sur le fond. Le comité de l’Organisation des Nations unies (ONU) n’a toutefois aucun pouvoir de contrainte sur les Etats membres. Selon la ministre de la santé, Agnès Buzyn, la France n’est « pas tenue » de respecter cette demande.

La décision prise vendredi par la Cour de cassation a ouvert la voie à un nouvel arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert. Les avocats des parents ont annoncé qu’ils porteraient plainte pour « meurtre avec préméditation » contre le médecin qui ordonnerait un arrêt du traitement. Un de leurs avocats, Jean Paillot, a déclaré lundi que les parents seraient « favorables à une médiation par l’intermédiaire d’une institution internationale pour discuter avec le gouvernement français, pour qu’en l’état actuel les mesures provisoires soient effectives ».

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avait conclu en 2015 qu’arrêter l’alimentation et l’hydratation artificielles du Français ne porterait pas atteinte au principe du droit à la vie. Saisie à nouveau par les parents le 20 mai, elle a rejeté leur demande en arguant qu’il n’y avait pas d’« éléments nouveaux ».

Comprendre l’affaire Vincent Lambert
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