Jacques-Henri Eyraud aurait voulu épicer sa rentrée qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Lors de sa première conférence de presse de la nouvelle saison, qui commence donc ce lundi 1er juillet, le président de l’Olympique de Marseille (OM) a présenté le nouveau sponsor maillot du club phocéen, l’application de livraison de repas Uber Eats, partenaire pour les trois prochaines années. Mais il n’a souhaité répondre à aucune autre question au cours d’un exercice qui a viré à la confrontation avec les journalistes et échaudé les supporteurs, inquiets du profil de l’équipe après un exercice 2018-2019 des plus moroses.

Les sujets de discussion ne manquaient pourtant pas : la procédure disciplinaire à l’encontre de son défenseur Adil Rami annoncée le matin même, la situation financière du club et la sanction du fair-play financier, le mercato encore au point mort, ou l’arrivée du nouvel entraîneur, le Portugais André Villas-Boas, qui faisait ses premiers pas à la Commanderie. Mais le président de l’OM s’est borné à ne communiquer que sur le contrat de sponsoring… sans même en préciser le montant. Jacques-Henri Eyraud a uniquement indiqué que les tarifs évoqués, entre 3 et 3,5 millions d’euros par an, « n’étaient pas les bons chiffres ».

Procédure disciplinaire contre Rami

Pis, à peine annoncé que ce contrat était déjà critiqué. La direction de l’OM, qui a toujours mis en avant le rôle sociétal que le club devait jouer dans la région, a donc accepté le sponsoring d’une entreprise critiquée pour les conditions de travail et les très faibles rémunérations de ses livreurs. Entreprise qui sera, en sus et par ailleurs, celui de toute la Ligue 1 à partir de 2020, prenant la suite de Conforama.

Autre problème pour les supporteurs marseillais : le code couleur. Leur beau maillot bleu ciel et blanc sera barré d’un logo vert (et noir) pour leurs prochains matchs à domicile, ce qui a provoqué sur les réseaux sociaux des commentaires parfois acides, souvent désabusés.

Lors de cette conférence de presse, Jacques-Henri Eyraud n’a pas non plus souhaité commenter le communiqué diffusé dans la matinée faisant savoir que le club avait entamé une procédure disciplinaire contre son défenseur Adil Rami. « La décision est antérieure à ses problèmes personnels », a précisé l’OM, évoquant sa séparation avec l’actrice Pamela Anderson et sa mise à l’écart d’une association de défense des victimes de violences conjugales.

Selon l’Equipe, Adil Rami aurait été convoqué à un entretien préalable à une sanction pouvant aller jusqu’à un licenciement après avoir reçu un courrier recommandé il y a une semaine, lui signifiant une faute grave. Il apparaît surtout que le club cherche à se délester du gros contrat (300 000 euros par mois) d’un joueur qui a sombré la saison dernière et qui entretient des rapports conflictuels avec sa direction.

Tensions entre les journalistes et « JHE »

L’OM sort d’un exercice 2018-2019 particulièrement compliqué sur le plan sportif – une cinquième place en Ligue 1 synonyme d’absence en Coupe d’Europe qui a débouché sur le limogeage de l’entraîneur Rudi Garcia – et financier : le club a en effet affiché un déficit d’environ 80 millions d’euros la saison passée, l’obligeant à conclure un accord contraignant au sujet du fair-play financier. L’OM devra donc mener une politique d’austérité concernant les transferts, provoquant l’inquiétude légitime des supporteurs.

Autant de sujets d’actualité que le président de l’OM a donc choisi d’ignorer, lors d’une conférence de presse qu’il avait pourtant organisée. Au point que certains journalistes se sont interrogés sur le sens de leur présence à la Commanderie, un lundi 1er juillet, face à un « JHE » se bornant à dire qu’il allait s’exprimer « très prochainement sur les aspects sportifs. » Sauf si personne ne lui demande plus son avis.