Il est loin le temps où la tête de liste des Républicains (LR), François-Xavier Bellamy, au dernier tournant de la campagne pour les élections européennes, se disait « heureux » de la décision de la cour d’appel de Paris ordonnant la reprise des soins de Vincent Lambert. Après l’interruption de la nutrition et de l’hydratation qui maintiennent l’ancien infirmier en vie, mardi 2 juillet, pour la troisième fois en six ans, la prudence est désormais de mise au sein du parti sur cette affaire devenue symbole des questionnements autour de la fin de vie.

Comprendre l’affaire Vincent Lambert et ses multiples rebondissements
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« Ce n’est pas un assassinat », a tranché mercredi 3 juillet le président par intérim de LR Jean Leonetti, cardiologue de métier et instigateur du dernier texte législatif sur le sujet. Les médecins ayant mis en œuvre l’arrêt des traitements « ont médicalement, légalement et juridiquement raison », a-t-il ajouté, tout en soulignant la dimension de « drame humain absolu » de l’affaire opposant l’épouse de l’homme de 42 ans, Rachel Lambert, aux parents de celui-ci.

« La loi ne permet pas de trancher ce genre de cas »

« Je suis très prudent », assure pour sa part au Monde Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, qui s’était opposé en 2016 à la proposition de loi Claeys-Leonetti. « Ce genre de choses se traite dans l’intimité. On a un texte, qu’il ne faut pas toucher. Ma position est que, dans le doute, on doit laisser une chance à la vie. La loi ne permet pas de trancher ce genre de cas limites », ajoute-t-il.

La loi dispose que, pour une personne en phase avancée ou terminale hors d’état d’exprimer sa volonté, « le médecin peut décider de limiter ou d’arrêter un traitement inutile, disproportionné ou n’ayant d’autre objet que la seule prolongation artificielle de la vie », dans le respect d’une procédure collégiale et après consultation de la personne de confiance désignée par le malade. Vincent Lambert n’en a nommé aucune et n’a pas non plus rédigé de directives anticipées.

Saisie par l’Etat et le CHU de Reims, la Cour de cassation a jugé, le 28 juin, que la cour d’appel n’avait pas à statuer sur ce dossier, au sujet duquel le Conseil d’Etat et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) s’étaient déjà prononcés. Une décision qui a permis au docteur Vincent Sanchez, chef du service de soins palliatifs et de l’unité de patients cérébrolésés du CHU de Reims (Marne), de mettre en place un protocole d’arrêt des soins, mardi.

Le lendemain de la défaite du 26 mai, le directeur de campagne de LR aux élections européennes, Geoffroy Didier, avait fustigé la prise de position de François-Xavier Bellamy dans cette affaire – « Il n’y a aucune vie indigne d’être vécue », avait déclaré le candidat –, estimant qu’elle avait fait « perdre des points » à la liste. Un mois après et à l’approche de l’arrivée fin septembre à l’Assemblée d’un autre sujet de société, l’extension de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes, dans la révision de la loi de bioéthique, le parti de droite se garde de tout manichéisme.

« Les gens en ont marre de cette droite Sens commun, ils estiment que ça nous a foutus dedans », résume un député LR en référence au parti issu de La Manif pour tous, qui avait soutenu jusqu’au bout François Fillon lors de la campagne présidentielle de 2017. Vincent Lambert, c’est tellement conflictuel, tellement clivant, il faut bien se garder d’avoir un avis tranché. »