Andy Murray, au Queen’s, à Londres, le 23 juin. / DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

On avait quitté Andy Murray en pleine détresse, en janvier, à Melbourne. « Il est possible que l’Open d’Australie soit mon dernier tournoi », avait déclaré l’Ecossais, lors d’une conférence de presse lacrymale à la veille de son entrée en lice. « J’ai fait à peu près tout ce que je pouvais pour essayer que ma hanche aille mieux et ça n’a pas beaucoup aidé », se lamentait-il, allusion à l’opération qu’il avait subie pile un an plus tôt et l’avait tenu éloigné des courts près de six mois. Sur le circuit, la pluie d’hommages qui s’ensuivit avait des airs d’enterrement et son match en cinq sets (perdu) face à l’Espagnol Roberto Bautista-Agut, des allures de chant du cygne.

L’ancien numéro un mondial espérait tenir jusqu’à Wimbledon pour y tirer sa révérence. Cinq mois plus tard, l’Ecossais s’apprête à disputer le Grand Chelem londonien en double. Entre-temps, Murray, 32 ans, a subi une deuxième opération de la hanche droite qui, à l’entendre, relève quasiment du miracle. Il n’est plus question de retraite imminente mais de renaissance.

Pour sa reprise de la compétition au Queen’s, il y a deux semaines, il avait choisi de s’aligner sur le gazon londonien au côté de Feliciano Lopez. Une heure après son titre en simple, dimanche 24 juin, l’Espagnol de 37 ans soulevait le trophée avec le Britannique, tout sourire, lui qui a aussi profité de sa pause forcée pour s’offrir une nouvelle dentition. « J’ai commencé la semaine relax, puis j’ai retrouvé l’esprit de compétition au fur et à mesure des matchs. Ma hanche ne m’a pas fait mal. Ça fait du bien de retrouver les courts », se réjouissait le Lazare du circuit.

« Je n’arrivais même plus à marcher normalement »

Après discussions avec son équipe, il a été jugé plus sage de reprendre d’abord en double, pour tester sa hanche sur des matchs où les déplacements sont moindres. L’Américain Bob Bryan, qui a subi exactement la même opération, était également revenu à la compétition cinq mois après. « Je suis moi-même un peu surpris d’être de retour à l’entraînement et sur les courts, disait-il à la BBC mi-juin. Je ne savais pas ce qu’il en serait après l’opération de resurfaçage de la hanche [qui consiste à remplacer la surface de la tête fémorale par un implant métallique]. Même si je n’avais pas essayé de rejouer au tennis, je me serais quand même fait opérer : je n’arrivais même plus à marcher normalement… »

Tout son quotidien s’en trouvait affecté : jouer avec ses enfants lui était pénible, dormir sans douleur était un casse-tête, et l’Ecossais était incapable d’effectuer certaines tâches simples comme mettre ses chaussures ou enfiler des chaussettes. « J’avais mal tout le temps, résumait-il. Ça va nettement mieux, je fais des choses qu’il m’était impossible de faire il y a six mois, comme jouer au golf ou faire des escape rooms. Quand je finissais l’entraînement, la seule chose dont j’avais envie c’était de m’asseoir, les pieds en l’air, et me reposer. Aujourd’hui, je peux faire toutes ces choses sans la moindre douleur. »

A Wimbledon, il s’alignera dès ce mercredi en double avec Pierre-Hugues Herbert, vainqueur du tournoi en 2016 avec Nicolas Mahut. Une décision qui a du mal à passer pour ce dernier, à qui il avait annoncé mettre le double de côté cette saison pour se consacrer à sa carrière en simple en Grand Chelem.

« Pour être honnête, on ne peut pas dire que c’est complètement clean. C’est certain que je vais jouer le double alors que j’avais dit que je n’allais pas le jouer. Mais c’est tellement exceptionnel de jouer avec Murray à Wimbledon (…), s’est justifié le Français dans L’Equipe. Qu’il me le demande à moi, pour avoir l’honneur de partager le court avec lui, ça peut être une expérience que je n’oublierai jamais… Il peut m’apprendre des choses, il fait partie du fameux Big 4. »

Barty et Mladenovic disent non à l’Ecossais

Andy Murray ambitionne également de disputer le mixte. Mais les tractations se sont avérées plus délicates. Il a révélé avoir approché Ashleigh Barty pendant Roland-Garros. Celle-ci avait poliment décliné l’invitation. Quelques jours plus tard, l’Australienne était sacrée sur la terre battue parisienne. L’Ecossais en a profité pour relancer la nouvelle numéro un mondiale… sans succès. Au Queen’s, il a annoncé avoir essuyé un autre refus, cette fois de la part de Kristina Mladenovic, elle aussi déjà engagée sur deux tableaux.

Après avoir recalé sèchement Maria Sharapova, qui sur les réseaux sociaux avait émis le souhait de s’associer avec lui, il n’avait pas fermé la porte à une association avec Serena Williams. « Je suis disponible. Nous devons juste attendre et voir », avait fait savoir l’Américaine. Andy Murray l’a officiellement confirmé mardi 2 juillet. Ils devraient jouer jeudi.

Après son titre en double avec Feliciano Lopez, l’hypothèse d’un retour sur le circuit en simple a également pris forme. Murray disait espérer s’y aligner à nouveau dans le courant de la saison même s’il joue la prudence et préfère ne pas avancer de date. « Je ne pense pas que je me remettrai au simple au lendemain de Wimbledon, j’ai encore pas mal d’étapes à franchir avant de retrouver un niveau de compétition décent. Si je peux m’aligner en simple à l’US Open, ce serait fabuleux mais je doute que ce soit le cas, je pense que ça va prendre un peu plus de temps. »