Farouk Ben Abbes au Palais de justice de Paris, le 4 juillet 2018. / THOMAS SAMSON / AFP

Depuis une dizaine d’années, son nom revient souvent dans plusieurs dossiers terroristes. Farouk Ben Abbes, ancienne figure de l’islam radical, a été condamné mercredi 3 juillet en appel à cinq ans de prison, dont deux avec sursis. Il comparaissait pour son activité sur Ansar Al-Haqq, qui fut le site djihadiste francophone de référence, à la fin des années 2000.

Comme lui, deux autres anciens administrateurs du site ont été condamnés en appel pour association de malfaiteurs à visée terroriste. Nordine Z. a été condamné à cinq ans de prison dont trois avec sursis et David R., présent au délibéré, à quatre ans dont deux avec sursis.

Ce Belgo-Tunisien de 33 ans n’était pas présent pour écouter le délibéré de la cour d’appel de Paris, qui l’a également condamné à une interdiction du territoire français pendant dix ans, mais n’a pas émis de mandat d’arrêt contre lui. Farouk Ben Abbes ayant passé plus d’un an en détention provisoire dans ce dossier, la peine ferme qui lui reste à purger est aménageable, selon ses avocats.

Le 6 juillet 2018, le tribunal correctionnel de Paris l’avait condamné à quatre ans de prison ferme et à une interdiction définitive du territoire. Il avait fait appel, tout comme le parquet et ses deux coprévenus. C’était la première fois que cet homme, cité dans plusieurs dossiers antiterroristes sans y être poursuivi, était condamné dans une telle affaire.

Il avait bénéficié en 2012 d’un non-lieu dans une enquête sur des projets d’attentats signalés en 2009 par les autorités égyptiennes, où la salle de spectacle du Bataclan apparaissait parmi les cibles, six ans avant l’attaque du 13 novembre 2015 qui y fit quatre-vingt-dix morts.

« C’est un dossier dans lequel pour nous la relaxe s’imposait », ont réagi ses avocats Vincent Brengarth et William Bourdon. « Mais la cour a aussi résisté au lynchage médiatique qui persiste depuis plusieurs années sur la personne de Farouk Ben Abbes, dont on a voulu faire à tort la figure du mal absolu », ont-ils ajouté.

Un site « influent »

Accusé d’avoir traduit et diffusé sur Ansar Al-Haqq de la propagande djihadiste entre 2007 et 2009, alors qu’il séjournait en Egypte puis dans la bande de Gaza, il avait assuré lors de son premier procès être « revenu » des discours dans lesquels il baignait à l’époque.

Désormais fermé, Ansar Al-Haqq, dont le nom signifie « les partisans de la vérité », était une référence du web djihadiste en langue française à une époque où le djihad armé se menait notamment en Afghanistan ou au Pakistan.

Alors que les prévenus avaient affirmé que leurs activités sur le site se résumaient à « informer », le tribunal avait jugé l’an dernier que le site avait bien « incité » au djihad, avec « une vocation de recrutement » pour le combat armé « dans la lignée de ce qu’Al-Qaida recherchait, mener le “djihad médiatique ». Si les faits sont anciens, « le recul qui est le nôtre aujourd’hui » permet de mesurer « quelle a été l’influence et l’importance d’un site comme Ansar Al-Haqq », avaient souligné les magistrats.

L’an dernier, le tribunal avait condamné en son absence un quatrième homme dans ce dossier : Léonard Lopez, parti en 2015 pour le djihad, avait été condamné à cinq ans de prison assortis d’un mandat d’arrêt. Il fait partie des onze Français récemment condamnés à mort par l’Irak pour appartenance à l’organisation Etat islamique (EI).