Mounir Mahjoubi, à Paris, le 24 mai 2017. / BENOIT TESSIER/Reuters

Tout semblait joué d’avance. Après plus d’un an de préparation, Benjamin Griveaux paraissait assuré d’être investi, mercredi 10 juillet, par La République en Marche (LRM) pour partir à l’assaut de la mairie de Paris en 2020, avec de bonnes chances de l’emporter. Mais à une semaine de la décision attendue, le doute commence à s’installer : et si le parti présidentiel choisissait un autre candidat, ou retardait au moins son verdict ? Et si Cédric Villani était finalement préféré à Benjamin Griveaux ?

Mercredi, la candidature du député-mathématicien a recueilli un soutien de poids, celui de Mounir Mahjoubi. L’ex-secrétaire d’Etat au numérique, qui faisait partie des six candidats à l’investiture de LRM pour Paris, a jeté l’éponge, et annoncé son ralliement à Cédric Villani. Celui-ci fait désormais figure de grand rival de Benjamin Griveaux.

« Comme on porte les mêmes valeurs, il ne fallait pas gâcher les choses et être capable de les faire entendre le plus fort possible », a expliqué Mounir Mahjoubi dans un entretien au Parisien. « Nous avons fait le choix de porter ensemble le projet éco-progressiste à Paris, avec Cédric comme candidat », a t-il ajouté dans un message à ses soutiens.

Le député du nord de Paris participera au meeting que le lauréat de la médaille Fields tient jeudi 4 juillet dans une salle parisienne. Une réunion à laquelle assistera également l’adjointe au maire du IVe arrondissement de la capitale, Anne Lebreton, la seule femme à participer à cette compétition interne. Quant au député Matthieu Orphelin, un ex-LRM proche de Nicolas Hulot, il a enregistré une vidéo qui sera diffusée sur place.

« Tout est possible »

« Ce premier ralliement crée une dynamique, se réjouit un proche de Cédric Villani. Il accrédite l’idée qu’il y a une alternative au match annoncé entre Anne Hidalgo et Benjamin Griveaux. Quand le troisième homme rejoint le deuxième, tout est possible. » Anne Lebreton est sur la même ligne, même si elle maintient, à ce stade, sa propre candidature : « Le ralliement de Mounir change pas mal la donne, estime-t-elle. Emmanuel Macron, qui a laissé chacun des candidats s’exprimer, pourrait permettre à la commission d’investiture de décider plus librement qu’on ne l’imagine. »

Benjamin Griveaux, lui, affiche sa sérénité. « Mounir et Cédric étaient sur la même ligne politique, il semblait donc assez naturel qu’ils se rejoignent », observe-t-il. A ses yeux, cette alliance entre ses deux principaux concurrents ne remet pas en cause son atout numéro un : l’appui d’une grande partie des responsables de LRM dans la capitale. « Pour gagner, il faut savoir rassembler, et c’est mon cas, souligne-t-il. J’ai le soutien de pratiquement tous les référents locaux du parti, de 13 élus du conseil de Paris, dont trois dirigeants de groupe : Julien Bargeton, Eric Azière et Pierre Auriacombe. »

Qui peut faire tomber Anne Hidalgo, la maire socialiste candidate à sa réélection ? C’est la question clé qui se pose à la commission d’investiture et à Emmanuel Macron. Dans le dernier sondage, réalisé par BVA du 6 au 11 juin pour La Tribune, Benjamin Griveaux et Cédric Villani font jeu égal, la liste LRM recueillant 25 % des intentions de vote au premier tour, qu’elle soit conduite par l’un ou l’autre.

Mais le mathématicien à la lavallière a une image très positive auprès de ceux qui le connaissent, alors que l’ex-porte parole du gouvernement est plus clivant. Les deux hommes incarnent en outre deux lignes légèrement différentes : Cédric Villani est marqué plus à gauche que Benjamin Griveaux. « Au vu de la sociologie parisienne, Cédric est le mieux à même de gagner Paris en mordant sur l’électorat écologiste et de gauche », assure un de ses proches. Mais il faut aussi séduire la droite modérée, ce que Benjamin Griveaux peut réussir plus facilement, estiment d’autres « marcheurs ».

Décision en principe le 10 juillet. Sauf si la commission d’investiture retarde son choix, comme le réclament de longue date plusieurs candidats, dont le député de Paris et vice-président de l’Assemblée nationale Hugues Renson : « Pour la commission, rendre sa décision mercredi serait donner raison à un camp contre un autre, dit-il. Mieux vaut se donner un peu de temps pour parler auparavant du fond, de notre projet pour Paris. »