Manifestation à Alger, le 2 juillet. / RYAD KRAMDI / AFP

Depuis des semaines, les manifestants algériens, tout en continuant à marcher chaque vendredi, avaient fixé rendez-vous au pouvoir « ce » vendredi. Et les appels à descendre en masse dans les rues semblent n’avoir jamais été aussi nombreux, lancés sur les réseaux sociaux ou impulsés par l’opposition ou des personnalités issues de la société civile. Ce vendredi 5 juillet, le vingtième jour de mobilisation nationale que les opposants annoncent et espèrent « historique », diffère en effet des autres par sa charge symbolique. Il coïncide avec les célébrations du 57e anniversaire de l’indépendance du pays.

En multipliant les arrestations de manifestants et d’opposants, et en déployant massivement la police dans les rues de la capitale ces deux dernières semaines, le pouvoir semble lui aussi avoir pris conscience qu’une mobilisation massive en cette date anniversaire pourrait contrecarrer fortement sa feuille de route – l’organisation d’une élection présidentielle sous son contrôle.

Dans une nouvelle adresse télévisée au pays, mercredi 3 juillet, le président par intérim, Abdelkader Bensalah, a promis que les autorités abandonnaient leur calendrier électoral – jamais réellement défini autrement que par la nécessité d’organiser un scrutin présidentiel « le plus rapidement possible » – au profit d’un « dialogue » consensuel pour fixer la date d’une présidentielle. Une démarche dans laquelle ni l’Etat ni l’armée ne seront, selon lui, impliqués.

Un premier appel au dialogue, lancé début juin par M. Bensalah et limité aux personnalités politiques, avait été largement rejeté. La présidentielle, initialement prévue le 4 juillet, a été annulée faute de candidats. Et ce alors que le délai de quatre-vingt-dix jours prévu par la Constitution pour l’intérim expire théoriquement dans les prochains jours.

« Garantir la crédibilité » d’une élection

« Les participants au dialogue auront la liberté de discuter et de débattre des conditions à réunir pour garantir la crédibilité du scrutin et aborder l’ensemble des aspects législatif, réglementaire et organisationnel de cette élection », a précisé mercredi le chef de l’Etat par intérim. Mais a-t-il seulement été écouté par la rue, qui réclame son départ ?

De son côté, l’opposition, divisée, multiplie les initiatives. Une dizaine de partis, dont les formations islamistes, des syndicats et des associations devraient participer à une « conférence de dialogue national », samedi 6 juillet, en vue de dégager une feuille de route elle aussi consensuelle, y compris avec celle du pouvoir s’il consent à avancer des propositions sérieuses. Une conférence boudée par les partis dit « laïques » qui exigent des « préalables à toute sortie de crise », comme la libération de tous les détenus politiques et d’opinion ou la libération du champ médiatique.

Mais pour le pouvoir comme pour l’opposition, tout va dépendre, ce week-end et une nouvelle fois, du niveau de mobilisation des manifestants.