Les oraux de rattrapage du bac 2019 se dérouleront à partir du 8 juillet / Alain Le Bot / Photononstop / Alain Le Bot / Photononstop

Des cris de joie, des soupirs de soulagement, mais aussi, ici ou là, des mines défaites et quelques larmes écrasées. Ce vendredi 5 juillet, la publication des résultats du bac 2019 apporte son lot de surprises.

Si certains sont recalés d’office, ceux qui ont obtenu entre 8 et 10 de moyenne passent, dès le lundi 8 juillet, des oraux de rattrapage. En 2018, 14 % des candidats au bac étaient convoqués à ces épreuves.

Une chance à saisir absolument, quel que soit le nombre de points à rattraper, et même si cette dernière étape peut être très stressante, insiste Mélanie Courson, professeure de sciences de la vie et de la terre au lycée Silvia-Monfort de Luisant (Eure-et-Loir) : « Les élèves au rattrapage sont tous potentiellement capables d’avoir le bac. »

Pour se mettre du baume au cœur, on peut se répéter qu’en 2018 73 % des candidats de la filière générale et 67 % de ceux de la filière technologique ont été « repêchés » à l’issue de ces rattrapages.

Sachant que, dans le pire des cas, être recalé n’est pas la fin du monde, relativise Christelle Lambert, professeure d’histoire-géographie au lycée Jehan-de-Beauce, à Chartres. « Il y a des gens très bien, y compris des profs, qui ont loupé leur bac. » Nicolas Roucau, professeur de mathématiques au lycée Silvia-Monfort, poursuit : « Et lorsqu’on n’a pas ce qu’on voulait sur Parcoursup, il est parfois plus productif de refaire une année ! »

En attendant, voici quelques conseils pour ceux qui passent les oraux de rattrapage.

1. Choisir les bonnes matières

« Si la tentation est grande de se réfugier sous la couette et de pleurer, la première chose à faire est de se rendre dans son lycée où sont affichés les résultats », insiste la professeure Christelle Lambert. Objectif ? Récupérer son relevé de notes pour mieux s’évaluer et profiter des conseils des professeurs, présents sur place.

Les candidats n’ont le droit de repasser que deux matières à l’oral, parmi celles de l’écrit – épreuves de première incluses –, ce qui nécessite d’être stratège. « Il ne faut pas forcément opter pour celles où l’on a eu les plus mauvaises notes, mais plutôt celles à fort coefficient dans lesquelles la marge de progression est la plus importante par rapport aux notes obtenues pendant l’année », recommande Mélanie Courson. Par exemple, un élève d’ES qui aurait écopé d’un 5 en histoire, coefficient 5, contre 10 le reste de l’année peut espérer gagner 25 points rien qu’en atteignant la moyenne.

A noter que plus le retard est important, plus il est urgent de se concentrer sur les matières à gros coefficient, qui permettront d’engranger un maximum de points : les maths, la physique-chimie ou la SVT en S, la philo, l’histoire-géo ou les langues en L, l’histoire-géo, les SES ou les maths en ES… Les candidats qui n’ont que quelques points à grappiller peuvent, avec prudence, se permettre de se positionner sur des matières moins « coefficientées ».

2. Réviser de façon stratégique

Difficile de réviser en un week-end les programmes des deux matières choisies dans leurs moindres détails. « Et tant mieux, car l’objectif de l’épreuve est de vérifier que le candidat maîtrise les connaissances principales, rassure Florent Canevet, professeur d’histoire-géographie au lycée Léon-Blum de Créteil (Val-de-Marne). Le but de ces deux jours va être de se concentrer sur l’essentiel afin de réactiver tout ce qui a été acquis pendant l’année. » Ce travail passe par une relecture systématique des plans de cours, et des fiches si on en a fait. Il est conseillé également de s’entraîner à dégager les axes principaux et les concepts-clés : « Tels que la puissance en histoire ou la métropolisation en géo », illustre Florent Canevet.

En maths, refaire les exercices corrigés en cours est une bonne idée. Enfin, réviser à plusieurs est utile, surtout si l’on est stressé. Cela peut être un bon moyen de relâcher la pression. « Et pourquoi pas, le jour J, se faire accompagner aux épreuves par un ami ? », suggère Christelle Lambert.

3. Le Jour J, se dire qu’on est « le meilleur »

Les oraux, un peu comme une compétition sportive, nécessitent une préparation physique et mentale : « Il faut bien dormir, bien manger et arriver le ventre plein. Pour fonctionner, le cerveau a besoin d’énergie », rappelle Lisa Eriksen, enseignante de physique-chimie.

La détente et la confiance en soi aussi sont primordiales. Valérie Guerlain, auteure du Petit Manuel à l’usage de ceux pour qui l’oral est un cauchemar (Le Livre de poche, 2019), recommande, quelques minutes avant l’épreuve, de « se mettre dans une bulle, en activant la respiration ventrale, qui va aider à sortir la voix ». Puis de se recentrer sur soi. « Je prends conscience de mon corps, de mon visage, je fais quelques grimaces et quelques vocalises. Et, une fois devant la porte, je me rappelle qui je suis. Et je me dis que je suis le meilleur », égrène la comédienne.

4. Face au jury, montrer qu’on maîtrise les bases

Chaque épreuve est constituée de vingt minutes de préparation, puis de vingt minutes de présentation. La maîtrise du temps est importante. Sur son brouillon, on ne rédige pas tout. On essaie de montrer qu’on maîtrise les bases, qu’on connaît les grandes lignes du programme. « En SVT, un élève qui a appris son cours sérieusement doit réussir », estime Mélanie Courson. L’évaluation, qui met l’accent sur les connaissances, donne toutes leurs chances à ceux qui auraient « des petites difficultés de raisonnement et d’analyse ».

Ce qui n’empêche pas, quelle que soit la discipline, de soigner la forme. « En histoire-géo, on prend le temps de rappeler les termes du sujet, de le transformer en question, puis de développer un plan bien construit, avec des exemples précis et une petite conclusion », détaille Christelle Lambert.

Pas de piège non plus dans les questions des examinateurs. « Nous ne sommes pas là pour casser le candidat mais pour instaurer un échange, insiste Nicolas Roucau, professeur de mathématiques au lycée Silvia-Monfort de Luisant. En maths, on va commencer par des questions simples sur comment dériver une fonction par exemple, puis passer progressivement à des sujets plus complexes si l’on voit que le candidat est réceptif, quitte à l’aiguiller un peu. »

4. Avoir une attitude « conquérante »

Le jury est là pour mettre le candidat à l’aise. Au jeune de montrer qu’il a envie de décrocher son bac et qu’il prend l’épreuve au sérieux. « On veut sentir que le candidat est motivé, qu’il va aller chercher les points », martèle Christelle Lambert. « Je ne demande pas à l’élève de tout savoir, mais qu’il soit réactif et qu’il montre qu’il a envie de réfléchir », ajoute Virginie Patoz, professeure de philosophie et de théâtre à Luisant.

Ce qui implique de soigner sa présentation – éviter le short et les claquettes –, mais aussi sa posture et sa diction. Respirer profondément, parler distinctement en prenant son temps, regarder le jury en montrant qu’on est à l’écoute : tels sont, selon Virginie Patoz, les ingrédients d’une prestation réussie. Et, bien sûr, ne pas oublier de dire bonjour et de sourire.