Dans la nuit de mercredi 26 au jeudi 27 juin, à Vaulx-en-Velin (Rhône), une femme âgée de 29 ans a succombé sous les coups acharnés de son conjoint. Il n’y avait eu aucune plainte, aucun signalement préalable. L’alerte a été donnée par une voisine, au 70 de l’avenue du 8-Mai-1945, au nord du quartier du Mas-du-Taureau. Vers 8 heures du matin, elle aperçoit un homme, pendu à un arbre, aux abords d’un pavillon aux volets métalliques. Immédiatement appelés, les secouristes tentent de le réanimer sur place, en vain. Transporté dans un état critique à l’hôpital Edouard-Herriot, âgé de 43 ans, il est mort le week-end suivant, sans avoir repris connaissance.

En inspectant l’intérieur de la maison, secouristes et policiers ont découvert un autre corps, allongé dans la cuisine, au premier étage. Celui d’une femme, le crâne défoncé. Un marteau maculé de sang, à proximité, a très vite permis de retracer le scénario criminel : l’auteur présumé du crime s’est suicidé après avoir commis son geste. Le cas de figure n’est pas si rare dans les affaires de meurtres conjugaux.

Autre particularité récurrente : la présence des enfants à proximité du drame conjugal. Là, deux fillettes résidaient dans le pavillon. Selon les premiers constats médico-légaux, les faits se sont produits dans la nuit. Elles ont été réveillées par l’arrivée des policiers. « Tout laisse à penser qu’elles n’ont pas assisté à ce qui s’est passé entre leurs parents », constate avec un certain soulagement une source proche de l’enquête. Agées de 4 et 10 ans, elles ont été immédiatement prises en charge par la justice, qui pourra décider d’une ordonnance de placement provisoire, en fonction du contexte familial.

Ni plainte ni signalement

Alors que la mort de l’auteur entraîne normalement l’extinction de l’action publique et que la procédure est théoriquement vouée ensuite à de simples constats, le parquet de Lyon a décidé de poursuivre les investigations pour mieux comprendre les circonstances du drame. « Les enfants ont le droit de savoir ce qui s’est passé », justifie un magistrat du parquet. Des analyses biologiques sont notamment en cours, pour connaître l’état du mari et de la victime au moment des faits.

D’origine albanaise, le couple résidait en France depuis quatre ans, selon les premiers résultats de l’enquête policière. La famille s’était installée dans la région lyonnaise depuis quelques jours seulement, après un passage à Rodez (Aveyron). Inconnus des voisins, mari et femme voulaient se rapprocher de leurs familles respectives. Ils venaient d’emménager dans le pavillon, entouré d’un petit terrain et situé à un grand carrefour passant. Aucun message, aucun témoignage ne permet de savoir ce qui a déclenché l’acte meurtrier. Selon une source judiciaire, le couple n’avait aucun antécédent, ni plainte si signalement. Dans leur audition, les fillettes expliquent qu’elles n’ont jamais vu leurs parents se disputer.

Le mois précédent, un autre meurtre conjugal s’est produit dans la région lyonnaise, dans des conditions similaires. Une femme, âgée de 22 ans, a été battue à mort par son compagnon, âgé d’une vingtaine d’années. L’auteur présumé est en fuite. Là encore, aucun signe préalable de violence ne s’était manifesté. Ces deux affaires disent toute la difficulté de la prévention en matière de violences conjugales, qui n’épargnent aucun milieu social.

Le parquet de Lyon prête une attention particulière à leur traitement. Les simples mains courantes sont proscrites. Chaque signalement de violence conjugale doit donner lieu à une procédure pénale, même si la victime ne souhaite pas porter plainte. Si des faits s’inscrivent dans un contexte déjà chargé, le conjoint fautif est déféré au parquet, avec mesures d’éloignement à la clé. Les magistrats favorisent les possibilités d’hébergement en cas de situation alarmante. Actuellement, dans le ressort de Lyon, dix-sept victimes bénéficient d’un « téléphone grave danger », qui permet de solliciter un service de police en cas d’urgence vitale.