Angleterre-Etats-Unis, le 2 juillet, à Lyon, en demi-finales de la Coupe du monde 2019. / Alessandra Tarantino / AP

« Sécuriser, c’est accueillir. » C’est ainsi qu’Erwan Leprevost, président du comité d’organisation (LOC) de la Coupe du monde 2019, avait introduit, en mars, son propos sur la sécurisation du tournoi. Trois ans après l’Euro 2016, programmé dans l’Hexagone dans le contexte post-attentats djihadistes du 13 novembre 2015, le Mondial féminin a fait l’objet d’un dispositif partagé entre le LOC, responsable des événements à l’intérieur des stades, sur les terrains d’entraînement et dans les hôtels des équipes, et les pouvoirs publics (villes hôtes et préfectures), chargés de la sécurité à l’extérieur des lieux officiels de la compétition.

« Le bilan est très satisfaisant sur le plan sécuritaire, nous n’avons pas rencontré de grosses problématiques sur l’ensemble des 50 premières rencontres déjà organisées », assure Bertrand Paquette, directeur du tournoi. Le LOC a toutefois dû « s’adapter » à l’épisode caniculaire, qui a nécessité « une augmentation du personnel médical et l’entrée de bouteilles d’eau dans les stades. »

« Il y a aussi eu la difficulté à trouver du personnel féminin pour la palpation à l’entrée car le public a été plus féminin qu’à l’ordinaire. Mais il y a eu 40 % de personnel féminin en moyenne », précise M. Paquette.

Un dispositif de sécurité « moins lourd » qu’à l’Euro 2016

Selon le directeur du tournoi, le dispositif de sécurité était « moins lourd qu’à l’Euro, car le contexte sécuritaire était différent, mais il y avait la même rigueur. » Le périmètre de sécurité a été celui des « matchs de Ligue 1, de Ligue 2, de l’équipe de France ou de Coupes d’Europe », avec un soin spécifique apporté aux villes (comme Valenciennes ou Grenoble) peu habituées à accueillir des compétitions internationales « attirant des publics venant de partout dans le monde. »

Si aucun incident n’a été à déplorer dans les « fan zones », ces espaces réservés aux supporteurs dans les villes hôtes, le LOC avait d’emblée écarté tout risque de menace en ce qui concerne le hooliganisme. L’Euro 2016 avait été marqué par des rixes entre supporteurs russes et anglais à Marseille.

« Communication, grilles tarifaires, animations : nous cherchions à faire venir un public familial, festif et nouveau sur cette compétition, assume M. Paquette. On n’était pas sur le même public que sur une compétition masculine, on a vu beaucoup de femmes et d’enfants. On a brassé tous les publics et toutes les tranches d’âges. On voulait que ce Mondial soit convivial, bon enfant et cela a été le cas. »

Deux matchs au Parc des princes avaient fait l’objet d’un dispositif plus élevé : le match d’ouverture France-Corée du Sud, le 7 juin, et le quart de finale entre les Bleues et les championnes du monde américaines, trois semaines plus tard. La « petite finale » Angleterre-Suède ou « match pour la troisième place » à Nice, samedi 6 juillet (à 17 heures), fait l’objet d’une « attention particulière » des autorités et du LOC.

« Sur Nice, avec la problématique de l’attentat du 14 juillet 2016, les pouvoirs publics s’étaient fortement adaptés avec des dispositifs anti-camion et anti-intrusion. C’est ce qui était déjà mis en place sur les autres compétitions dans la ville », explique M. Paquette.

A Lyon, « un stade facilement sécurisable »

Pour la finale du Mondial, qui opposera les Etats-Unis et les Pays-Bas dimanche 7 juillet, à Lyon, « des zones tampons supplémentaires » ont été ajoutées autour du stade, « facilement sécurisable avec ses rampes sur les côtés et la zone de palpation », selon le directeur du tournoi.

« Le foot vécu comme ça, c’est un bonheur », confie un policier lyonnais, impliqué dans le dispositif de sécurité. Aucun incident sérieux n’a entaché les deux demi-finales organisées à Lyon. La sérénité est au beau fixe, avant la finale.

« Au niveau de l’ambiance, le foot féminin n’a rien à voir avec le foot masculin, c’est beaucoup plus calme, les supporters ne sont pas dans la rivalité, ils sont dans la fête, du coup les enjeux de sécurité se portent sur l’accompagnement de la foule, plutôt que dans la prévention des violences, c’est très différent », résume un des responsables de la sécurité mise en place autour des rencontres.

« Il n’y a pas de hooligan, nous mettons en place des effectifs nombreux par rapport à l’importance de l’événement, mais c’est finalement moins tendu qu’un match de championnat national masculin », dit un autre responsable policier.

L’élimination des Bleues a simplifié la donne sécuritaire

L’élimination de l’équipe de France a simplifié la donne sécuritaire. L’idée d’une fan zone, envisagée dans la plaine de Gerland, au sud de la ville, a finalement été abandonnée. La Fédération internationale de football (FIFA) organise un « village » sur la place Bellecour, dans un périmètre sécurisé et assez limité, avec diffusion du match sur grand écran.

Cela dit, la préfecture a prévu un vaste plan de sécurité pour encadrer la finale. Le stade affiche complet, avec 59 000 spectateurs prévus. Les autorités instaurent un dispositif antiterroriste, avec les forces d’intervention prédisposées, prêtes à toute éventualité. « Aucun renseignement ne fait part d’inquiétude particulière, mais nous devons tout mettre en place pour prévenir le risque », indique le cabinet de Pascal Mailhos, préfet du Rhône. Des « points de vigilance » sont mis en place dans les gares, les aéroports et les transports en commun, avec contrôles et fouilles préventives.

Emmanuel Macron sera présent à Lyon pour la finale

La présence du président de la République, Emmanuel Macron, et de nombreuses personnalités comme le Roi des Pays-Bas et le secrétaire américain au commerce, impose une protection rapprochée, selon la configuration des voyages officiels. Le stade est placé sous haute surveillance. Plusieurs unités mobiles de CRS et de gendarmes sont mobilisées. La préfecture se refuse à communiquer les chiffres. Au moins neuf cents fonctionnaires seront impliqués, selon plusieurs sources, sans compter les policiers municipaux et les sapeurs-pompiers de plusieurs casernes de l’agglomération lyonnaise.

Pour les policiers de terrain, la crainte vient plutôt de la simultanéité de deux événements footballistiques. Dimanche soir, l’équipe d’Algérie dispute un match contre la Guinée, dans le cadre de la coupe d’Afrique des nations (CAN). Les victoires de l’Algérie donnent souvent lieu à des manifestations agitées, voire des débordements, qui se terminent par des affrontements avec les forces de l’ordre. « Il faut faire en sorte d’éviter que les événements se télescopent en ville », confie un policier, spécialiste d’ordre public.